Depuis le début de cet appel au secours, je ne bougeais pas. Ou plutôt, je bougeais comme un pendule. Un coup oui, un coup non. Un coup de Burt Allibert, je partais vers le oui. Un coup d’Etienne Chouard, je repartais vers le non. (A propos, ceci est un message personnel pour un certain Bernard Ruffier, qui se présente comme "délégué du Parti Socialiste aux institutions". Bernard, vous avez un joli titre. Je ne sais pas vraiment à quoi il correspond, je ne sais pas si vous existez vraiment, mais j’ai bien reçu votre texte réfutant Etienne Chouard. Je ne l’ai pas validé, car nous ne validons que des contributions personnalisées au débat, écrites spécialement pour nous. Pas des lettres-type, qu’on peut lire ailleurs. Désolé Bernard. Fin du message personnel).
Donc je ne bougeais pas. Et tout d’un coup, j’ai eu un déclic. C’était jeudi matin, le 21 avril, au surlendemain de l’élection du pape Ratzinger.
J’attendais un rendez-vous en lisant Le Figaro. Et j’apprends dans Le Figaro que Ratzinger s’est élevé contre la Constitution Européenne, qui installait le relativisme. C’est à dire, selon Le Figaro citant Ratzinger, un nouveau « dogmatisme » qui, croyant tenir « la connaissance définitive de la raison », relativise tout le reste comme « un état dépassé de l’humanité ».
Moi j’aime bien le relativisme. Je suis un garçon assez relativiste. Enfin, je ne crois pas en avoir la même définition que Ratzinger, je ne crois pas détenir "la connaissance définitive de la raison", mais le mot me plait bien. J’aime l’idée que toute vérité soit relative. Et je me dis que si la Constitution est assez relativiste pour être l’objet de la vindicte de Ratzinger, alors cela vaut peut-être la peine de la regarder de plus près sous cet angle-là, cette constitution-là.
Et tout d’un coup, là, en attendant mon rendez-vous, je sens que trois lignes du Figaro me font bouger. Vers le Oui. Davantage qu’un mois de débats sur les alinéas et les points virgules. Désolé Burt et Etienne, celà ne retire évidemment rien à la qualité de vos échanges, mais là, en attendant mon rendez-vous (un bon quart d’heure de retard) j’ai l’impression qu’on change de dimension.
Je m’explique. Je ne pense pas que Benoit XVI soit le principal danger d’aujourd’hui. Si j’interroge mon entourage (plus divers que vous ne l’imaginez), je ne connais personne qui se sente impliqué par les opinions de Benoit XVI. Personne ne me dit : "je vais me comporter de telle manière, arrêter de faire celà, parce que Benoit a dit que..." Mais je pense que la montée des intégrismes est, oui, un de ces principaux dangers. Integrisme de Ben Laden, intégrisme des colons israéliens bornés, intégrisme des "born again" de Bush, intégrisme de Ratzinger. Je n’aime pas le monde balisé par tous ceux-là. Ce monde me fait peur pour mes enfants. Je n’ai pas envie qu’ils grandissent dans ce monde-là.
Quant à l’argument, développé par un des biographes du nouveau pape, et repris dans un excellent article du Washington Post où m’a renvoyé l’un d’entre vous, selon lequel le "totalitarisme religieux" serait, aux yeux de Benoit, le meilleur moyen de lutter contre "le totalitarisme politique", il me conforte par sa bêtise dans ma nouvelle inclination. Si la crainte du totalitarisme politique nous pousse vers le totalitarisme religieux, alors on n’aura pas gagné grand chose au change. Je crois plutôt qu’elle devrait nous pousser vers le refus de tous les totalitarismes.
Or il existe une zone du monde qui est relativement préservée de tous ces intégrismes : c’est l’Europe. Je crois que nous ne le mesurons pas assez. Je me souviens qu’un jour, après une émission, Hubert Védrine nous avait raconté ça dans la loge de démaquillage (c’est le problème de Védrine : il est bien meilleur quand les caméras cessent de tourner). Il nous avait dépeint l’Europe occidentale comme une tête d’épingle du rationalisme et de la laïcité, dans une planète travaillée par la fermentation religieuse. C’était impressionnant.
Et voilà que cette Europe se dote d’un projet de Constitution, qui garantit ce relativisme. Oui, il le garantit. Il suffit de reprendre les remarques de nos camarades randonneurs de La Croix. Vous vous souvenez d’eux ? On cheminait avec eux, au début. Nous les avons un peu perdus de vue, c’est vrai. Mais eux, ils ont continué d’inventorier les articles de la Constitution, en rapport avec leurs centres d’intérêt. Et alors ? Globalement, ils ne sont pas exubérants. Ni pour ni contre. Ils savent bien qu’ils ont dans leur lectorat des Benoitistes et des anti Benoitistes. Mais tout de même, cette relecture est l’occasion de se souvenir que Giscard a tenu bon, dans son refus de rappeler "les origines chrétiennes de l’Europe". Et que par exemple l’article II-69 sur "le droit de se marier et de fonder une famille", parce qu’il ne mentionne pas explicitement "l’homme et la femme", constitue selon La Croix "la porte ouverte au mariage homosexuel". Ce n’est qu’un exemple.
Peut-on laisser passer l’occasion ?
Je ne sais pas comment vous dire. Vu sous cet angle-là, le reste me parait un peu dérisoire. Tout le reste. Tout ce dont nous discutons ici depuis le début. Le nombre de pages de la constitution. La répartition exacte des pouvoirs entre le Parlement et la Commission. Le fait de savoir si les progrès des deux premières parties mesurent un millimètre, ou un demi-millimètre. Les querelles théologiques sur la troisième partie qui serait "gravée dans le marbre". Oui, l’Etat français n’aura plus le droit, par exemple, de garantir les emprunts d’EDF. Il n’avait déjà pas le droit, et par exemple La Croix nous rappelait que la Commission le lui avait interdit l’an dernier. Là, ce sera "gravé dans le marbre". Et alors ? Evidemment, tout celà est intéressant. D’ailleurs, avec Judith, on se disait que ce serait un beau thème pour Arrêt sur images. Vous ne connaissez pas Judith ? Vous allez la connaître bientôt. Elle va nous rejoindre, avec David, sur le BBB. Le temps que Thomas, notre webmaster, lui prépare sa chambre, et elle sera là.
Et il y a aussi le reste du reste. L’envie de dire merde à Chirac, par exemple. Bien sûr, comme tous les noniens, enfin disons une partie des noniens, j’ai envie de dire merde à Chirac. Et à Raffarin. Et à cette grande andouille de Villepin qui n’a jamais fait la preuve de rien, n’a jamais été élu par aucun électeur, et qui fait sa grève de la faim place Beauvau avec une pancarte "c’est moi que je veux être premier ministre", et tout le monde trouve ça naturel. Oui, j’ai envie de dire merde à Chirac. Voilà, je le dis (écoutez bien) : merde à Chirac ! Et à François Hollande aussi, si vous voulez. Bon. C’est fait. On peut passer à autre chose ?
Donc bien sûr, l’ultra-ouisme des medias, l’arrogance des ouistes, leur aveuglement, leurs manipulations jusqu’à l’heure où j’écris ces lignes, continuent de me donner follement envie de voter non. Mais face à ce Benoit qui veut reconquérir l’Europe, puisqu’on en est là (il parait que c’est la signification du nom de Benoit. Le Monsieur veut "reconquérir l’Europe". Rien que ça), face à ses alliés objectifs Bush et Ben Laden, il me semble qu’un vote Oui serait une bonne manière de lui dire : "touche pas à mon Europe, Benoit. Touche pas à notre Europe". Oui, la Constitution est un rempart contre les grosses pattes de Benoit. Pour être franc, je ne crois pas qu’elles soient très dangereuses, les grosses pattes de Benoit. Elles paraissent même un peu fatiguées. Je ne crois pas qu’il faille sur-interpréter son élection. D’ailleurs ça ne vous parait pas bizarre, ce type élu par des gens qu’il a lui-même nommés ? Comme me le disait mon rendez-vous de ce matin, qui travaille à la télé (oui, il a tout de même fini par arriver), c’est comme si Marc Tessier, président de France télévisions, nommait un par un tous les membres du CSA, et qu’on leur demande ensuite de voter pour savoir s’ils reconduisent Marc Tessier. Ca m’est apparu une bonne image (j’ai bien fait de l’attendre, finalement).
Tout de même, on ne sait jamais. Et en tout cas, j’ai l’impression que l’adoption de la Constitution serait un sacré pied de nez à Benoit.
A un peu plus d’un mois du vote, j’en suis là. Pour préciser ma pensée, je me verrais bien glisser un bulletin "oui" dans l’urne, en portant un brassard : "logiquement, je suis plutôt pour le non". Un peu à la manière des grévistes japonais, qui vont tout de même travailler avec un brassard "en grève". Si j’ai tout faux, si vous voyez des contre-arguments, donnez-les moi.
Je ne sais pas si Delors est un naif sincère ou un orfèvre machiavelique de la politique, mais en révélant qu’il y avait un plan B (en cas de non au referendum), Il a magistralement torpille le oui.
Qui va "acheter" au prix d’aujourd’hui, en sachant ou en soupçonnant sérieusement qu’il peut gratter de meilleures conditions demain ?
Je n’ai guère de sympathie particulière pour la papauté et Benoit XVI ne va visiblement pas me réconcilier. On aurait rêvé d’un pape vraiment du XXIème siècle, qui puisse redonner une place d’envergure à la religion chrétienne, ce dont il me semble que le monde ait besoin (de religion, de morale, de sacré, je le crois volontiers). Mais j’aurais aimé justement pour cela un pape non dogmatique, quelqu’un qui serait allé encore plus loin que Jean-Paul II, qui a fait de belles choses mais est resté "coincé" sur certaines.
Par exemple, je veux bien comprendre à la rigueur la question de l’avortement, mais celle du préservatif en temps de SIDA me parait être du camp de la mort. Je croyais pourtant bien que la religion était le camp de la vie ?
En voilà un relativisme, non ? Et alors ? Que veut-il dire notre Benoit XVI ? Qu’il faut se garder d’être intelligent et de comprendre que les choses changent ? Sous prétexte de fidélité au dogme, il faut fermer les yeux au risque de faire l’inverse de ce qui est bien aujourd’hui ?
Soit.
Mais moi, je ne sais pas de quoi sera fait demain et je préfère m’adapter.
J’ai plutôt l’habitude de m’apesantir sur les choses, de réfléchir pour me faire une idée. En clair, je n’aime pas les dogmes et je n’aime pas qu’on m’enferme à clé.
Or, la Constitution Européenne n’est pas un modèle d’ouverture et d’adaptabilité.
Pourquoi y mettre toutes ces choses figées comme des dogmes qui ne relèvent pas d’une Constitution et qui en deviennent en plus incompréhensibles pour la plupart des citoyens ? Comment accepter de s’enfermer à clé (pour 50 ans, dixit Giscard d’Estaing) dans le libéralisme absolu (pas de règles commerciales autres que la libre concurrence sans distorsion du marché) alors que des signes immédiats, tels que ceux qui viennent de Chine ou de Roumanie, nous laissent penser que nous aurons peut-être besoin de réguler le marché à l’avenir. Cela apparaît presque comme un piège que nous nous ferions-nous mêmes sans nous en rendre compte et qui se refermerait... les Chinois s’empressant d’utiliser notre Constitution libérale pour attaquer nos vélléités protectionnistes.
Mais en outre, ce n’est pas tant ça qui me préoccupe. Depuis 30 ans on dit que l’Europe échappe aux citoyens. On se plaint des "technocrates" inconnus (sauf quand ils défrayent la chronique, Bolkenstein et autres...) qui rédigent projets de règlements européens et de normes (Natura 2000, les fromages... sont bien connus en France !) qui échappent aux discussions du parlement.
Or, on va avoir une formule un peu meilleure, c’est vrai, mais loin du compte de ce qu’on serait en droit d’attendre dès aujourd’hui : il faudrait vraiment que la commission soit sous le contrôle du Parlement, et ce n’est pas le cas dans le texte actuel.
Je ne parle même pas du rôle du Praesidium, une invention nouvelle, comme une sorte de Conseil Constitutionnel européen, chargé d’interpréter la Constitution en cas de problème ( et il y en aura vu sa complexité juridique).
Voilà, alors moi, le relativisme, ça m’incite vraiment à voter non.
J’ai envie de pouvoir encore influer sur l’Europe par mon vote demain et pas pour envoyer des députés européens fantoches cette fois, l’Europe, cela devient maintenant trop sérieux et important.
Et tous ceux qui disent que c’est impossible, qu’il n’y aura pas d’autre Constitution, j’ai vraiment le sentiment qu’ils mentent.
Vous avez vu comment on a retiré la directive Bolkenstein quand Chirac a dit que ça faisait vraiment problème ?
Et vous voyez l’Europe sans la France et sans Constitution qui règle au moins le fonctionnement à 25 et même 27 (Roumanie, Bulgarie). Pas moi. J’y crois pas.
Non, ce qui va se passer, c’est simplement qu’on va revenir à une version plus légère, plus compréhensible pas tout le monde, définissant les valeurs et les règles et modes de fonctionnement démocratiques.
Là dessus, je pense que, à part les anti-européens, tout le monde serait d’accord.
Philippe
Je dois dire que je suis écoeurée de la propagande médiatique qu’on nous bombarde depuis des semaines, voire des mois. Au début, de manière insidieuse, les médias se contentaient de relayer l’idée que le oui était la norme, les nonistes étant les méchants extrêmistes avec des couteaux entre les dents et/ou des crânes rasés. Mais le référendum approchant et la nécessité de faire remonter les sondages en faveur du oui se faisant plus pressante, notre ORTF et nos pravdas françaises sont passés à une tactique nettement plus offensive. Je ne regardais déjà plus les JT, ça me filait la nausée, je me risquais de temps en temps à lire Le Monde mais c’était encore pire, je décidais donc de me bunkeriser, me contentant de consulter les dépêches AFP quand ma curiosité par rapport au reste du monde était trop forte. Mais AP a achevé de me déprimer avec ses dépêches unilatéralement oui-ouistes. Une chose est sûre, même si je m’intéresse beaucoup à ce débat, j’ai hâte que le 29 mai soit passé.
Plutôt que de nous faire subir cette blitzkrieg médiatique la prochaine fois qu’un président de la République souhaite organiser un référendum (au hasard, la Turquie), pourquoi ne pas simplement décider de ne mettre que des bulletins " oui " dans les bureaux de vote ?
M. Jean-Luc Mélenchon (socialiste pour le non) feint de craindre une remise en cause du droit à l’avortement par la Constitution, il s’amuse aussi de rien y trouver sur le divorce... C’est ce que montre l’extrait de On a tout essayé diffusé dimanche dernier par Arrêt sur images. Ce genre de raisonnement vicié à la base (il n’y aucune référence ni à l’avortement ni au divorce dans la Constitution française actuelle et pourtant ces droits sont bien reconnus), assené avec un bon gros rire franchouillard... Qui cela nous rappelle-t-il ? Mais si, voyons... La démagogie... L’exploitation de peurs irrationnelles... Repli sur l’identité nationale... Rejet de la mondialisation...
Eh oui, un lepénisme de gauche (le racisme en moins) est en gestation !
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L’argument n°1 de M. Chouard (la France d’en-bas pour le non) est paradoxal : le texte est trop long, le commun des mortel n’y comprend goutte, donc, comment voter pour quelque chose qu’on ne comprend pas ?
Cette France d’en-bas-là doute d’elle-même... Aurait-elle préféré qu’on laisse l’affaire au Parlement (comme en Allemagne) ?
On peut comprendre cette Constitution sans la lire directement, en se référant aux ouvrages de spécialistes. Seulement voilà, on ne fait pas confiance non plus à ces spécialistes ! D’ailleurs, internet, c’est tellement plus démocratique ! Tout le monde peut dire qu’il ne sait rien.
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La Constitution est européenne. Pas française. Européenne. On ne demande pas aux Européens d’adopter le supposé "modèle" français. Personne d’autre n’en veut d’ailleurs, l’a-t-on remarqué ?
Par exemple, les Européens ne veulent pas d’un service public qui plombe l’économie par les prélèvements. Ils ne veulent pas que le législateur national réprime l’expression de la foi religieuse.
L’économie au service de l’Etat ne fait pas école en Europe. La "laïcité à la française" ne séduit pas ailleurs qu’en France.
Parce qu’elles ont échoué.
C’est trop injuste.
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Heureusement, il y a l’Europe !
Un jour peut-être, nous aurons des politiciens honnêtes et courageux (comme en Espagne), vivant et travaillant modestement (comme en Suède), gérant l’argent public dans la transparence (comme en Allemagne), respectueux des libertés publiques (comme en Hollande).
Ah, comme on risque de les regretter, nos Chevènement, de Villiers, Fabius...
Je ne sais pas si M. Mélenchon fait semblant de craindre que la Constitution laisse la possibilité d’interpétations dangereuses poue le droit à l’avortement.
Je ne suis pas dans la tête de M. Mélenchon, alors, je me garderai bien de dire : "il est sincère" ou "il fait semblant".
La seule personne dont je puisse indiquer les sentiments intérieurs avec certitude, c’est moi.
Et là, je peux vous dire que ne fais pas semblant : après avoir lu la Constitution (l’article sur le droit à la vie), je crains qu’elle ne puisse être interprétée de façon dangereuse pour le droit à l’avortement ou à l’euthanasie.
Je suis sincère.
Je n’ai pas la berlue.
J’ai lu la constitution.
Et je crains de donner un chèque en blanc au juge de Luxembourg (ou à tout autre juge nin élu) sur ce point.
Peut être que je suis trop vigilante.
C’est sans doute parce que je suis une femme
C’est DEBOUT que j’ai regardé la majeure partie de votre émission en ce dimanche 1er mai. Quand j’ai vu que l’un des invités était Etienne Chouard et que son opposant était un cadre supérieur issu d’une école de commerce. Je suis en 2eme année à sup. de co Reims et j’ai déjà eu l’occasion de réfuter les idées de Monsieur Chouard à titre privé, je me suis donc projeter virtuellement en train de débattre avec ardeur. Mon sang n’a fait qu’un tour, je fulminais, impuissant, bégayant pour expliquer la situation à mon entourage inquiet de mon état. Je suis comme ce prof de droit, un véritable obsédé du débat sur le TCE. Moi aussi je n’en dors plus, mon cerveau ne me laisse plus tranquille et tourne à plein régime, m’assaillant d’arguments en faveur du Oui. Je suis comme le joueur d’échecs de Zweig, je débats avec et contre moi même à une vitesse qui me dépasse et je flirte avec la schizophrénie. Je n’arrive même pas à lire paisiblement le TCE tant je suis excité à l’idée de cette Union qui ce profile. Chaque article que je lis me donne des idées quant à la manière de réfuter les arguments du non.
Pour en revenir à Etienne Chouard. J’ai reçu d’une amie un mail collectif qui avait pour titre « ça donne à réfléchir... » et qui renvoyait sur le site de ce Monsieur. Je m’y suis rendu, j’ai lu avec attention ces « 5 raisons les plus fortes » de rejeter le texte et j’ai survolé le reste du site. Comme je l’explique dans le mail que j’ai renvoyé à mon amie pour tenter de la ramener dans le camp du oui, je ne vais pas m’appesantir sur une argumentation dont les affirmations stars me semblent erronées. Moi aussi ce débat m’use nerveusement et je ne veux pas perdre mon temps. Ceci dit je ne pensais pas qu’il était aussi connu du grand public mais qu’importe, sa prestation m’a fait littéralement enragé de ne pas avoir été en face de lui pour lui répondre.
Le débat en lui-même...Arrêt sur image invite un homme qui était encore inconnu il y peu, c’est donc qu’il dit des choses qui font avancer le débat. Là j’espère qu’il n’avait pas été invité dans une précédente émission que je n’aurais pas vue sinon mon argument prend l’eau. Mais pourquoi cet homme ne s’est-il pas exprimé sue ce qu’il dit sur son site et notamment sur ses 5raisons. Pourquoi diable lui avoir offert une tribune libre pour qu’il s’exprime sur des sujets divers et variés ? Je ne prétends pas détenir la vérité sur le sujet mais ma stratégie pour convaincre mon amie était de répondre point par point à ses fameuses et fumeuses raisons. Je les reproduis ici pour vous :
1. Une constitution est un texte juridique, il est donc normal qu’il ne soit pas aussi accessible que Télé 7 jours, sinon le premier venu serait avocat. De plus certains pays de l’Union vont se prononcer sur le texte via un vote parlementaire donc la remarque ne tient plus, car accessible ou pas ce n’est plus le peuple qui vote mais sa représentation. A moins que cet homme ne soit pas d’accord avec ce principe qu’il jugerait non démocratique et la discussion s’arrêterait immédiatement.
2. Si partisan veut dire hostile au communisme c’est à dire à la propriété publique des moyens de production, alors il l’est assurément. La constitution compile 50 ans de traité et ne tombe pas du ciel d’un coup de baguette magique, il est donc normal qu’il réaffirme les politiques de base décidées par l’Union. En ce sens il ferme la porte au communisme, au protectionnisme, au militarisme, au fascisme, au nazisme et au n’importe quoi "isme".
3. C’est vrai que pour réviser le traité, il faudra des procédures compliqués et surtout l’unanimité des membres. Mais ce traité n’est qu’un CADRE général et en certains endroit, fluctuant, soucieux de préserver la liberté d’action des Etats et de ménager par la même leur souveraineté. L’unanimité est en fait un garde fou pour l’unité et la cohésion de l’union. Si d’aventure un problème grave survenait à l’un des membres en rapport avec la constitution au point qu’il veuille la réviser, cela forcerait au débat Européen et ainsi favoriserait l’émergence d’une conscience politique Européenne, ce qui n’est pas le cas pour l’instant surtout pour qui a vu la pauvreté du débat Chirac/jeunes. L’unanimité oblige les Etats à transcender leur égoïsme national et à se demander s’ils sont en train de tirer la couverture vers eux ou s’ils font avancer l’Union.
4. Affirmation gratuite. Il convient de définir ce qu’est un "vrai contrôle et une réelle séparation des pouvoirs". A le lire rapidement il faudrait prendre des gens au hasard dans l’union afin que le PEUPLE auquel il semble croire aveuglément gouverne. Faut il rappeler que la commission est responsable devant le parlement (cf. affaire Barroso où la commission a dû remplacer trois commissaires qui déplaisaient au parlement) ? De plus les commissaires sont présentés par les gouvernements nationaux en fonction de la couleur politique qu’ils incarnent, conformément au vote du peuple. Et si les gouvernements ne sont pas élus ils sont eux même responsables devant les parlements nationaux (élus au SU direct par le peuple).
5. Encore cette obsession du peuple. L’Europe dans sa diversité comporte toutes les tendances politiques et c’est justement pour tenir compte de cette diversité qu’une convention sous l’égide de VGE s’est mise en place pour rédiger la constitution. 18 mois de compromis entre hommes politiques, juristes, syndicalistes qui malgré tout appartiennent au peuple même s’ils n’ont pas été élu pour rédiger le traité. Car qui dit élection dit campagne, dit programme dit donc politique. Or ce n’est pas un manifeste politique qu’on veut nous faire signer, c’est une constitution par essence neutre avec les entorses que j’ai soulignées en 2.
Voilà pourquoi j’ai fulminé dans le salon car j’enrageais du manque de méthode devant un prof de droit qui paraissait empathique autant qu’indécis mais dangereux car il cristallise à lui seul les errements des français. Il convient, lorsqu’on appartient au camp du oui, de construire un argumentaire positif, agressif et offensif et non simplement de contrer les arguments du non. Il faut montrer aux français qu’il ne faut pas avoir peur, que le tâche sera ardue mais que sans volontarisme on n’arrivera à rien et surtout qu’en l’espèce, le TCE est le meilleur compromis possible entre les 25.
Mais je dois m’auto censurer sinon je peux digresser à l’infini. J’attends vos réactions.
Marc,
Je ne connais pas ton amie, mais ton argumentaire ne me semble pas très efficace pour réfuter celui de Monsieur Chouard. Je me permets de te demander quelques corrections sur les cinq points que tu soulèves :
1. ta discussion risque, comme tu le prévois, de s’arrêter là avec Monsieur Chouard, et avec beaucoup de français, car ils ont voté pour les deux dernières constitutions nationales, et en ont même refusé une à la Libération (le 5 mai 1946). C’est donc notre tradition de considérer qu’un texte constitutionnel soit lisible par les citoyens. L’abandon de cette tradition aurait été un recul démocratique.
2. les politiques dont Etienne Chouard reproche à l’Europe de se priver (monétaire monétaire, budgétaire et industrielle) sont des politiques dont la France a largement usé jusqu’environ 1984. Le Royaume-Uni et l’Italie encore plus tard. Le Royaume Uni n’a d’ailleurs pas renoncé à une politique monétaire, et les Etats-Unis d’Amérique non plus. On peut discuter de la bonne application de ces politiques, mais ces pays n’étaient pas, à ces époques, en proie au communisme, au nazisme, ou au fascisme. De plus, le militarisme est imposé par la constitution (Article I-41 alinea 3) et les Etats-Unis le pratiquent. Enfin, le protectionnisme n’est pas incompatible avec les droits de l’homme, et l’Union l’utilise encore vis-à-vis de l’extérieur.
3. tu es un amateur de l’unanimité. Aux yeux de beaucoup, dont moi, il ne s’agit pas d’un garde fou, mais d’un mur infranchissable. Iras-tu mener le débat à Nicosie en Grec, à Vilnius en Lithuanien, à Lisbonne et Copenhague ? Ca ne me paraît ni très raisonnable, ni très réaliste.
4. Je ne comprends pas que tu traites son argumentaire d’ "affirmation gratuite", alors que tu dis ne l’avoir que survolé. Tu ne réponds pas à son texte. De plus, ton exemple est mal choisi car une institution est responsable devant une autre si elle peut être destituée après avoir été nommée. Les péripéties de composition de la commission Barroso n’entrent pas dans ce cadre.
5.
Veille à
ne pas mettre en avant ta lassitude devant la consultation populaire. C’est
précisément ce qui est reproché aux institutions européennes auxquelles tu
sembles t’associer.
La
constituante sert à ce que la diversité des opinions politiques ne soit pas
le résultat d’un savant pesage fait par les représentants en place, mais
qu’elle résulte directement du choix du peuple. De plus, le seul compromis à
obtenir est celui entre les représentants du peuple. Les juristes sont des
techniciens du droit qui éclairent ces représentants. Il n’y a pas de
compromis à obtenir avec eux. De la même manière, les syndicalistes peuvent
éclairer sur les conséquences de telle ou telle décision, mais il n’y a pas
non plus de compromis à obtenir avec eux. Enfin, pour les constituants, il
ne s’agit pas d’appartenir au peuple, ce qui est le cas de tout le monde,
mais de le représenter légitimement, ce qui est très différent.
cette constitution n’est pas
neutre. Tu n’as pas souligné ce constat, tu l’as évacué avec une légèreté
étonnante.
Il t’appartient alors de construire un argumentaire positif. Tu peux le faire agressif et offensif, mais envers qui et quoi ? Si c’est envers les partisans du Non, veille à ce que ta caricature ne s’éloigne pas trop de la réalité, et évite les positions de supériorité qui témoignent surtout de l’aveuglement. Evite aussi d’être agressif avec le peuple, à moins que tu veuille en finir avec la démocratie. Sur ce sujet, tu pourras réfuter l’article très percutant d’A.M. Le Pourhiet, que tu as peut-être déjà lu, et que le professeur Chouard apprécie également.
J’ai lu la quasi totalité des réponses à cet article, et finalement, cela m’a juste conforté dans mon idée. Je suis d’accord avec Daniel Schneidermann : Cette constitution (comme toute constitution je pense) peut être interprêtée de mille facons différentes, et c’est pour ca que les extrêmes se rejoignent.
Prenez le Coran. Il est interprété par ces malades d’extrémistes sanguinaires de telle facon à justifier leurs actes et "enrôler" de nouveau jeunes aillant soufferts en profitant de leur souffrance et de leur faiblesse. Pour autant, le Coran et la religion musulmane sont-ils intrinsèquement mauvais ? Bien sûr que non, tout réside dans l’interprétation.
Il est facile de trouver des défauts à la constitution, rien n’est parfait, mais beaucoup des critiques sont liées à une simple interprétation d’un article... Marie-Georges Buffet, Le pen ou tous ceux qui militent pour le non, le font à l’origine non pas pour être constructif mais pour tenir leur rôle, se faire remarqué, être en décalage avec un PS et un UMP qui, pour une fois, se sont mis d’accord sur quelque chose. Je n’accorde pas un grand respect à ces partis opportunistes et parfois démago, mais j’accorde de l’importance à l’intervention de Jospin qui je pense est un des rares hommes politiques sincères.
J’ai lu cette constitution et n’y ai rien trouvé de fondamentallement dangereux ou abusif. Vous parlez des annexes, mais les exemples que vous donnez sont, je trouve, assez peu convaincants... Donc simplement, je vais voter oui, non pas parce que je suis pour tel ou tel parti, parce que de toutes facons (j’exècre la quasi totalité de partis et des hommes politiques qui ne pensent qu’au pouvoir, l’argent ou le soutien des foules...) mais parce qu’il me semble qu’elle représente en beaucoup des valeurs franchouillardes que nous aimons et qui pourraient ne plus jamais être inscrite dans une telle constitution européenne si le non l’emporte. Comprenez-moi bien, ca n’est pas de la peur, je pense juste que si imparfait soit il, ce texte est le meilleur que nous puissions obtenir pour cette constitution...
Maintenant, je ne serais sûrement qu’un jeune bourgeois pour les gauchistes et un jeune con pauvre issu de l’immigration pour les fachos...
Vous soulignez un point important : la Contitution est souvent ambigue et peut être interprêtée de façons différentes.
C’est justement pourça que je vais voter non.
Car, lorsqu’un texte normatif est ambigu, le seul éclaircissement juridiquement efficace est conctitué par l’interprétation que donne le juge quand il est saisi.
Donc, accepter un texte ambigu, c’est donner un chèque en blanc au juge.
Ici, plus précisément : à la Cour de justice des communautés européennes.
Qui s’est toujours illustrée jusqu’ici par sa propension à faire des interprétations qui empirent les textes auropéens. C’est là un élément essentiel du fait que l’Europe s’est jusqu’ici faite dans notre dos : on accepte (par vote des parlementaires, voire même par référendum) un traité auquel on ne trouve a priori rien d’horrible, plutôt simplement une tendance au parler jargonneux que l’on croit innocente ... et quelques années après, d’interpétation en interpétation, on se retrouve tout à fait ailleurs que là où l’on croyait se trouver ...
Et l’on en arrive à ce paraoce que nos amis ouiouistes nous demandent de voter oui à la constitution pour corriger les effets du traité de Nice et de quelques autres, que l’on nous présentait hier comme excellents
L’article du Figaro est un bon exemple de journalisme biaisé et subjectif. Tout ce qu’il dit est vrai, et intéressant pour le lecteur type du Figaro, mais pas celui de Libération. En effet, ce collage de citations de Ratzinger et de commentaires du journalistes donnent une vision à sens unique de la pensée du cardinal. On le voit presque prêt à militer le "non" aux côtés de de Villiers !
Pour connaitre ce que Ratzinger pense vraiment sur le traité constitutionnel, le mieux c’est de lire un de ses discours réfléchi sur le sujet. J’en ai lu un en allemand fourni par l’hebdo Die Zeit (voir mon lien et aller au dernier tiers du discours).
Pour les non germanophones, voilà la conclusion de son discours : "la charte des droits fondamentaux (de la constitution) peut être un premier pas pour l’Europe dans la recherche de son âme." Je le vois donc plutôt voter ’oui’, même avec peu d’enthousiasme.
Pour les germanophones volià un passage important à partir duquel on peur lire le discours : "Wichtig ist der zweite Satz der Präambel : "Im Bewusstsein ihres geistig-religiösen und sittlichen Erbes gründet sich die Union auf die unteilbaren und universellen Werte des Menschen, der Freiheit, der Gleichheit und der Solidarität." Erkennbar ist die Unbedingtheit, mit der Menschenwürde und Menschenrecht hier als Werte dastehen, die jeder staatlichen Rechtssetzung vorangehen. Günther Hirsch hat betont, dass diese Grundrechte nicht vom Gesetzgeber geschaffen noch den Bürgern verliehen werden, "vielmehr existieren sie aus eigenem Recht, sie sind seit je vom Gesetzgeber zu respektieren, ihm vorgegeben als übergeordnete Werte". Diese allem politischen Handeln vorangehende Gültigkeit der Menschenwürde verweist letztlich auf den Schöpfer : Nur er kann Rechte setzen, die im Wesen des Menschen gründen und für niemanden zur Disposition stehen.
Insofern ist hier wesentlich christliches Erbe in seiner besonderen Art von Gültigkeit kodifiziert. Dass es Werte gibt, die für niemanden manipulierbar sind, ist die eigentliche Gewähr unserer Freiheit und menschlicher Größe ; der Glaube sieht darin das Geheimnis des Schöpfers und der von ihm dem Menschen verliehenen Gottebenbildlichkeit. So schützt dieser Satz ein Wesenselement der christlichen Identität Europas in einer auch dem Ungläubigen verstehbaren Formulierung."
C’est la première fois, à ma connaissance, qu’on soumettra à référendum un texte tronqué en cachant à l’électeur les protocoles et annexes : Le texte des 448 articles, que chacun recevra prochainement, renvoie à des protocoles et annexes, mais l’électeur devra longuement les chercher, et souvent en vain. Car ils ne sont pour ainsi dire pas publiés (même le site Europa , « un constitution pour l’Europe » n’en fait pas mention). Pour les trouver, il faut consulter le JO de l’Union.
Pourtant le Préambule du TCE, 5ème paragraphe, précise :
« ...la Charte sera interprétée par les juridictions de l’Union et des États membres en prenant dûment en considération les explications établies sous l’autorité du praesidium de la Convention qui a élaboré la Charte et mises à jour sous la responsabilité du praesidium de la Convention européenne. ».
Au cas ou on douterait de l’importance de cette précision, elle est répétée, mot pour mot, dans le préambule de la Charte des droits fondamentaux, et encore dans les annexes !
Mais l’électeur devra se prononcer sans avoir la moindre idée de ces fameuses explications. Il n’a droit qu’à celles des thuriféraires du TCE qui lui présentent la charte comme un rempart contre la dérive ultra-libérale.
Je ne prendrais que deux exemples pour illustrer comment ces précisions peuvent modifier le sens de ces articles.
Au passage remarquons qu’il faut se livrer à un vrai jeu de piste. Car si par bonheur vous arrivez à vous procurer le texte, on a pris soin de modifier les numéros des articles (ce n’était peut-être pas assez illisible comme cela !).
1 - Concernant le droit d’asile, l’article II-79 stipule « Les expulsions collectives sont interdites ».
J’en avais stupidement déduit que c’en était fini des expulsions par charters entiers.
La déclaration 12 (précisant la charte) m’apprend que cet article « vise à garantir que chaque décision fait l’objet d’un examen spécifique et que l’on ne pourra décider par une mesure unique d’expulser toutes les personnes ayant la nationalité d’un État déterminé ».
Donc il est toujours possible, après avoir rendu 500 jugements d’expulsion, de remplir un A-380.
2- Concernant l’environnement l’article II-97 stipule : « Un niveau élevé de protection de l’environnement et l’amélioration de sa qualité doivent être intégrés dans les politiques de l’Union et assurés conformément au principe du développement durable ».
Mais la déclaration 12 précise qu’il faut bien distinguer entre les droits (qui doivent être respectés) et les principes qui « ne donnent toutefois pas lieu à des droits immédiats à une action positive de la part des institutions de l’Union ou des autorités des États membres ».
Bref, un principe n’engage à rien (même si ça ne mange pas de pain, comme disait mon grand-père).
Mais me direz-vous, en l’espèce, il est écrit « doivent être intégrés », c’est donc normatif. C’est, ce que j’avais compris, moi, pauvre béotien. Que nenni ! La déclaration 12 donne cet article comme exemple de principe !
J’espère vous avoir convaincu que gloser sur cette charte sans faire référence à ces fameuses explications, comme le font la plupart des commentateurs, notamment tous ceux qui nous affirment que « c’est une avancée considérable », témoigne, au minimum, d’un manque de sérieux.
Le texte complet de la constitution avec ses protocoles et ses annexes :
http://europa.eu.int/eur-lex/lex/JOHtml.do ?uri=OJ :C:2004:310 :SOM :FR :HTML
En particulier le document suivant auquel fait référence le préambule du TCE (qui comprend notamment la déclaration « 12 Déclaration concernant les explications relatives à la Charte des droits fondamentaux » :
http://europa.eu.int/eur-lex/lex/LexUriServ/site/fr/oj/2004/c_310/c_31020041216fr04200464.pdf
Benoit XVI est génial car il exacerbe Daniel et il bouge. Calmos on se doit de respecter sa pensée : Si l’Eglise est dissoute dans la société...elle n’a plus de raison d’être ! Hé oui ! Vous avez un problème ? Benoit vous donne l’absolution....
Pourquoi M.Allibert est une pipe (Magritte) Tout d’abord j’en ai pris mon parti comme les 2 précédents où je répondais à son argument ce post sera filtré. Tant pis si cela conforte l’idée d’E.Levy qui assurait que les blogs et la toile étaient le reflet des obsessions et des certitudes.
Mais je persiste car il est question du sens des valeurs qui ne semblent pas étouffer les conventionnels de ce traité, pas plus que M.Allibert leur VRP-expert.( spécialisé en alibi et en non-lieu)
On dit de quelqu’un « c’est une pipe » Parce que la personne dégage beaucoup de fumée et que son épaisseur est trompeuse en étant creuse. Bien qu’étant en service commandé et en affichant une pseudo neutralité sur un ton bon enfant, paternaliste bon pépère pensant auprès de la cheminée, il se révéla lors de sa réponse. Il m’a mis la puce à l’oreille et je le remercie de m’avoir donné à lire un lien du « démantèlement à Gibraltar ». sur les PARADIS FISCAUX . (post du 22/04 les évêques à confesse) On y trouve un bijou de volonté de mettre un terme, non pas à l’opacité des transactions, mais à la libre concurrence. Si la concurrence est faussée on fait exploser le paradis. Faut-il en conclure que le satut de Jersey ou des iles Féroé ne fausse pas la concurrence ? Alors que par nature les transactions sont dissimulées. Voilà pourquoi le surréalisme de Magritte se mêle du traité. Voilà pourquoi un expert se perd à mon sens en dégageant une épaisse fumée qui vient intensifier l’opacité des PARADIS FISCAUX. Ce qui me navre c’est que dans cette disposition qui semble anodine il doit se cacher des montagnes d’abjections indicibles. Que la Suisse abrite de l’argent sale ne fait pas d’effacer cette tâche.
Je persiste et signe comme dans les 2 précédents posts pour lui donner un brevet de « paponnisme » et par là même une félicitation à Anastasie qui le protège. Le bonjour chez vous !
Je vous souhaite une bonne soirée mais ne vous souhaite pas d’être victimes de ces réseaux experts en crapuleries pour qui le bon M.Allibert a de l’indulgence.
Il a des circonstances atténuantes car un forfait pareil semble si naturel ....après tout ...si on se prend de faire la guerre au vice ...où va-t-on ?
Etienne Chouard n’a JAMAIS été professeur de droit constitutionnel, sa façon de débuter son texte a provoqué la confusion dont ont pu profiter certains nonistes... Même si la presse l’a en règle générale présenté comme un simple citoyen...
Voici la réponse de Bastien François, Professeur de science politique et de droit constitutionnel à l’Université Paris I (Panthéon-Sorbonne), auteur de Pour comprendre la Constitution européenne (Odile Jacob).
http://www.ensemblepourleoui.fr/IMG/etienne-chouard.pdf
Bonne et enrichissante lecture à tous...
Vous ne manquez pas d’air en ecrivant : " Etienne Chouard n’a JAMAIS été professeur de droit constitutionnel "
Depuis la premiere heure il ecrivait : " Je suis professeur d’eco-Gestion au lycee Marcel Pagnol à Marseille, en BTS. J’ai ete longtemps prof de droit civil, commercial et constitutionnel en Terminale, et prof de droit fiscal en BTS Compta. Aujourd’hui, je suis devenu essentiellement professeur d’informatique et je suis aussi administrateur du reseau de 150 PC de mon lycee. J’invoque mon metier de professeur pour qu’on comprenne mon gout d’expliquer, pas du tout pour me servir d’un argument d’autorite que je ne merite pas. En effet, je ne suis pas prof de fac, pas prof de droit public, pas specialise en droit constitutionnel. Mais ma formation de juriste (maitrise) m’a donne le gout du droit et je parle ici en simple citoyen, etonne par l’absence de debat constate au debut de l’annee 2005. Je commets sans doute des erreurs, mais je les corrige si on me les signale. "
Francois Bastien n’avait sans doute pas pris le soin de lire cette note et l’a accuse d’etre un usurpateur tout de meme. Vous ne pouvez pretendre le contraire : c’est ecrit noir sur blanc dans son texte.
Que l’on commette des erreurs (qui n’en commet pas d’ailleurs) et qu’on les corrige (en s’en excusant), c’est la moindre des choses.
Sur le fond : EC a commis de nombreuses erreurs et les a corrige au fil de l’eau. Relisez le document d’EC (dans sa version actualisee) et vous pourrez constater de vous meme que vous lui faites un mauvais proces.
Le non s’adresse aux tripes, le oui doit essayer de s’adresser au cerveau.
C’est l’éternelle difficulté à laquelle Pierre Mendès-France s’est heurtée : le discours qui s’adresse à la raison se heurte au discours démagogique.
Badinter, dans l’émission de FR2 - 100 minutes pour convaincre du 21/04/05 - n’a pas essayé de dorer la pilule aux téléspectateurs, disant que l’expert en constitution qu’il était n’estimait pas ce traité constitutionnel, auquel il a participé, comme un chef d’œuvre.
D’un côté donc des nonistes dopés aux sondages, arrogants, intolérants (voir le sort subi par Daniel Cohn-Bendit) prêts à tous les amalgames et toutes les contrevérités et de l’autre des partisans du oui qui tentent, timidement, d’essayer de dire que ce traité constitutionnel est un pas en avant, même s’il n’est, obligatoirement, pas parfait puisqu’il résulte, comme tous les traités antérieurs, d’un compromis.
Avec des règles du jeu insolites : accuser les partisans du oui de gauche de soutenir Raffarin et Chirac (certains d’ailleurs, qui ont fait le lit de Le Pen au 1er tour - 21 avril de sinistre mémoire - se réjouissent de ne pas avoir voté Chirac au 2e tour) est de bonne guerre ; mais que ceux-ci osent avancer que cette prétendue « autre gauche » fait le lit de Le Pen et de Villiers est un pur scansdâââle !
Au fur et à mesure que les mensonges délibérés tombent (le délire était sans limite : l’article qui fonde la condamnation de la peine de mort était accusé d’interdire l’IVG - ceux qui ont osé commettre une pareille infamie peuvent-ils se regarder dans une glace ? - le divorce serait interdit et ne parlons pas de la laïcité : les tapis de prière, musulmans bien sûr, allaient s’étaler dans les classes si l’on en croit l’ineffable Charasse) , les nonistes n’en continuent pas moins de les marteler : Chevènement brandissait encore l’article II-70 (copie conforme de l’article 18 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948) comme menaçant la laïcité, avec le soutien incongru d’un de Villiers dans Le Figaro du 20/04/05.
Les prétendus alter-mondialistes nous servent une vulgate qui nous rappelle - est-ce un hasard ? - celle des stals de la bonne époque du petit père des peuples. Haro sur ce marché intérieur - en construction depuis 1957. Sus à l’ultralibéralisme, à ce prétendu libre-échangisme. Inculture historique flagrante : au moment où se met en place l’Europe dite des six, s’érige, sous l’égide du Royaume-Uni, une Union Européenne de Libre Echange ; si ces deux entités poursuivaient le même but, elles se seraient fondues d’entrée. Une zone de libre- échange est totalement contradictoire avec la PAC (dont nos agrariens sont si peu reconnaissants), ne nécessite aucune instance supranationale type assemblée européenne et encore moins un traité constitutionnel. Ce qui est donc l’objectif des libéraux pur sucre - le libre-échange - est totalement contradictoire avec la construction européenne qui a instauré un marché régulé.
La réponse est non, mais qu’elle est la question ? pour plagier Woody Allen. C’est l’obstacle premier : non à Chirac-Raffarin, non au chômage, aux délocalisations, aux « élites »... et non pour le plaisir de dire non (contre tout ce qui est pour, pour tout ce qui est contre disait déjà Pierre Dac). Il faut donc, inlassablement, non seulement démonter les perpétuelles contrevérités, mais rappeler que la question concerne l’avenir de l’Europe et pas les problèmes hexagonaux.
Ce n’est pas parce que le présent est imparfait qu’il faut insulter le futur ! Alors oui à un espoir certes mesuré, raisonnable, mais bien réel.
J.-F. Launay
« Le projet du marché commun, tel qu’il nous est présenté, est basé sur le libéralisme classique du XXe siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes. L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique, au sens large du mot, nationale et internationale. »
Pierre Mendès France, intervention à l’Assemblée Nationale, le 18 janvier 1957.
( source : http://babel451.free.fr )
En vrac :
Le primat de l’économisme promu en valeur ultime et fondatrice est un anti-humanisme. La création de valeur (notez bien que les économistes disent désormais production de valeur, et non pas de richesse.) comme but surpassant tous les autres est un acide qui ronge le sujet, la collectivité, et sa culture.
1) le sujet : instrumentalisé (aliéné disait-on) sommé de reprendre à son compte les inepties moderne du défi perpétuel, de la culture d’entreprise (comment entendre une pareille stupidité sans éclater de rire), de se comporter en bon soldat d’une guerre perpétuelle contre lui et ses semblables devenus concurrents. Modes de compensation : narcissisme, singularité à tout prix. Désir accompli en consommation.
2) la collectivité : matière première segmentée, manipulée grace à l’expertise sociologique et comportementale, pour en extraire le maximum de profit, en échange du moins de service, de respect, de considération possible. Mode de fascination : Différenciation par les marques colifichets d’une distinction impossible, d’une authenticité evidemment absente.
3) la culture : le primat de l’intellect, de la connaissance n’ont plus de raison d’être. Dans la société du présent perpetuel, de l’insignifiance marchande érigée en principe, pourquoi prendre le rique d’un trajet, d’une oeuvre ? Et pour qui ?
Et ratzinger dans tout ça ?
Comme nous, lui et ses semblales de l’Islam ou d’ailleurs refusent ces procesus mortifères qui dégradent l’homme. Mais eux le font à partir d’une réaction archaîsante en s’appuyant sur les plus obscurantistes des lectures littérales.
Mais eux déplorent aussi ce qu’ils appellent l’amoralisme, et nous libertés.
Ce qui d’ailleurs nous ramène à une question à la mode : Nous éviterons la guerre, la réaction religieuse, ou les folies extrèmistes si nous savons inventer une alternative convainquante au veau d’or libéral, pas en s’y prosternant.
cher Daniel,
vous voir melanger Bush, Ben Laden, Benoit XVI et la constitution est une grande deception pour moi, qui jusque la ai toujours associe votre nom et votre emission ASI a l’exigence intellectuelle et a l’esprit critique.
En esperant que vous vous etes laisse emporte par votre plume (ou votre clavier) et que vous maintenez malgre tout une hierarchie entre "l’integrisme" de "Bush-Ratzinger" et celui de Ben Laden,
bien cordialement
steve
Je crois qu’il y a des gens plus dangereux que le vieux croulant du Vatican, même en tenant compte de tout ce qu’il représente. Ceux qui veulent installer une légitimité dans le massacre du service public (pour reprendre l’exemple de l’article initial) génèreront assez de souffrance et d’angoisse pour pousser bien plus de monde vers l’intégrisme que tous les discours du vieux Benoît, à mon avis (enfin, pour pinailler, ils donneront encore plus de légitimité à un ordre du monde déjà existant, et qui génère les susdites souffrances et angoisses). C’est joli l’argument de la laïcité instituée en Europe, m’enfin si c’est pour la remplacer par une conversion symbolique massive à la religion néo-libérale, autant dire non, quitte à affronter le danger du vieux pape qui ratiocine dans le désert.
Sinon, la constitution française n’est pas spécialement "relativiste". Elle dit assez clairement un certain nombre de principes. En la lisant, je n’ai ni l’impression d’être un demeuré à qui papy Giscard donne des cours de législation commerciale, ni qu’il faudra attendre 10 ans de jurisprudence pour comprendre concrètement ce qu’elle implique. Personnellement, le "relativisme" ce serait plutôt une marque du consensus mou, de la façade lisse qui permet à n’importe qui de débattre stérilement sur des propositions molles et vides de sens pendant que les vraies affaires se traitent entre gens sérieux et diplômés. Une marque de fabrique des idéologies à l’ambition universelle (un peu comme cette théorie passionnante qui rapproche la pensée néo-libérale de celle des empires, sur le modèle romain).
Dans le traité qui nous occupe, les grands principes ils y sont tous, à se marcher sur les pieds d’une phrase à l’autre : tout le monde peut y faire son beurre, c’est pire que la bible. La samaritaine des bonnes déclarations, dans une absence absolue de projet de société.
Le projet de société est prêt, pourtant, mais ce n’est pas dans la première partie qu’on le trouve. Le contrat commercial de la partie 3, lui, aura effectivement force de loi, et par contre il n’est pas spécialement oecuménique dans le domaine économique (disons que Keynes y rejoint Marx dans les poubelles de l’histoire). Pour le coup, cette partie a vraiment une signification religieuse : c’est une étape pas négligeable pour faire admettre la transcendance de la théorie néo-libérale.
Ce traité/contrat/constitution, c’est le terreau idéal pour ceux qui sont du bon côté du manche, qui pourront faire triompher par la force les principes qui leur conviennent le mieux. Et je fais totalement confiance aux publicitaires professionnels - qui nous ont déjà démontré que Gandhi, Che Guevara, Zapata, Staline et Mao étaient assez vendeurs pour faire la promo d’une banque en ligne ou d’un opérateur Internet - pour nous faire comprendre le vrai sens de l’"économie sociale de marché, hautement compétitive" à la lumière de la nécessité des sacrifices menant vers le sacro-saint Marché-En-Equilibre (transparent soit-il - amen).
Le vieux Valéry ouvre grand la porte à un intégriste autrement plus dangereux que celui du vieux Benoît (qui serait plutôt un vieux réac sur son nuage qu’un danger planétaire à la Bush ou Ben Laden, si vous voulez mon avis), d’autant plus qu’il maîtrise autrement mieux la novlangue que ce gros benêt de Ratzinger, avec ses gros sabots de réac du 19ème siècle (quoique, ce serait salutaire de lui faire relire rerum novarum au passage, mais c’est une autre histoire).
C’est à Giscard et ses amis qu’il faut dire non. Vu l’importance des enjeux, le pape ce n’est que de la couleur locale dans cette affaire.
Un jour, sans que rien ne le laisse prévoir, mon subconscient m’a joué une mauvais tour, impossible de résister à l’idée de mettre un NON dans l’urne....Je n’arrive pas à bien analyser par quels chemins j’en suis arrivée là ! Voter contre les idées du Pape, rien qu’une fois, quelle tentation (sans jeu de mots) moi qui suis une mécréante, athée etc.. Je n’ai pas suivi l’émission de Mazerolles - trop peur peut-être que Mr Badinter arrive à me faire chavirer - je l’admire, cet homme depuis P.Henry et ce qui a suivi. Un certain 21 avril, je me suis bouchée le nez pour virer ne serait-ce que l’idée même de Le Pen et bien je vais faire le même geste cette fois-ci mais ça sera non et je ne culpabiliserai pas car mon bulletin rejoindra d’autres bulletins de gens de bien et qui seront de bonne foi.
Voilà. Il est bien entendu que je suis toujours votre lectrice assidue et regardeuse d’ASI.
L’écoute de Jean-Pierre Chevènement, invité sur le plateau de 100 minutes pour convaincre, m’a procuré une singulière joie télévisuelle, comme je n’en avais pas ressenti depuis longtemps. Mais j’aurais mauvaise grâce d’oublier Marie-Georges Buffet, Charles Pasqua et Jean-Marie Le Pen qui ont agrémenté, chacun à leur manière, cette soirée par la profondeur et la pertinence de leurs analyses. En écoutant cette équipe du « non », je me suis surpris à trouver Giscard intéressant (ça ne m’était jamais arrivé), Thierry Breton efficace, Bertrand Delanoë convaincant et Robert Badinter, comme à son habitude, royal.
Avant 100 minutes pour convaincre, j’étais pour le « oui ». Après 100 minutes pour convaincre, ce choix a été conforté et il est devenu désormais une certitude. Je ne peux décemment pas cautionner par mon vote le discours de ces gens malhonnêtes, menteurs et manipulateurs qui exploitent à des fins politiques les peurs légitimes de nos concitoyens.
Comment exprimer la jouissance qui m’a étreint lorsque j’ai entendu monsieur Chevènement plaider en faveur d’un gouvernement économique de l’Union européenne ? Comment décrire cet orgasme qui m’a submergé lorsque l’ancien maire de Belfort a plaidé pour une harmonisation fiscale alors qu’il n’a eu de cesse de combattre la monnaie unique ? Je crois même que j’ai atteint le septième ciel lorsqu’il a osé sortir avec le plus grand sérieux que la France devait être, et je le cite, « le chevalier blanc d’une Europe redressée ». Si j’étais rebelle au comique, j’aurais dit simplement : « ce mec nous prend pour des cons ». Mais, étant en ce moment d’un naturel joyeux et confiant, je me dis que son intervention avait tout simplement pour objet de rehausser la rhétorique politique au rang de la comédie de boulevard. Et je ne parle même pas de l’OTAN, le « Che » accumulant à ce sujet mensonges sur mensonges, allant même jusqu’à revendiquer son expérience éloquente de ministre de la défense (vous savez : celui-là même qui avait démissionné en août 1990, la veille de l’engagement de la France dans la guerre du Golfe, et inventé l’inusable concept du « un ministre, ça ouvre sa gueule ou ça démissionne »).
La palme de l’hypocrisie politique revient sans conteste à madame Buffet qui a tenté de dénigrer le projet de Constitution en se fondant uniquement sur la partie III (le Traité de Nice) qui - ô sublime paradoxe - avait été négociée conjointement par Chirac et le gouvernement Jospin, gouvernement dans lequel elle était ministre et où l’on retrouvait d’ailleurs monsieur Fabius, autre partisan déclaré du « non ». Même cause, mêmes effets : si j’étais d’humeur chagrine, je dirais que la secrétaire nationale du PCF a pris ce soir les citoyens pour des cons. Mais comme je suis d’un naturel joyeux et confiant... vous connaissez la suite. L’essentiel de son intervention s’est ensuite cantonnée au traditionnel discours ouvriériste qui a dû probablement ravir les masses laborieuses exploitées par le grand capital ainsi que les apparatchiks de la Place du Colonel Fabien ou ce qu’il en reste.
Venons-en maintenant au cas de Charles Le Pen et de Jean-Marie Pasqua. Il y a peu à en dire tellement que c’était affligeant. Nous connaissions depuis longtemps le ridicule de nos deux compères, leur propension à la caricature et leur simplisme idéologique érigé en docte pensée politique. Scoop : nos deux amis viennent de comprendre que le droit européen s’appliquait en France ! Cela fait cinquante ans. Mais ce n’est pas grave. Qu’importe pourvu que l’on puisse ressortir les vieilles lunes de la France assiégée par les « européistes » de Bruxelles, de la France privée de son indépendance et de son âme.
Oui, ce soir, par les interventions de Chevènement, Buffet, Pasqua et Le Pen, nous avons atteint indiscutablement le degré zéro de la discussion et de la réflexion politiques, le non sens absolu, le vide, l’abîme sans fond.
Dans l’émission d’hier soir, Robert Badinter a résumé en quelques phrases l’inanité du « non ». La question à laquelle les Français devront répondre est simple :
Vaut-il mieux conserver la partie III sans la Constitution (c’est-à-dire sans les modifications institutionnelles permettant à l’Union de fonctionner correctement à 25, sans une Charte des droits fondamentaux contraignante) pour en rester au seul traité de Nice dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est mauvais et inefficace
ou bien
vaut-il mieux conserver la partie III en l’intégrant dans la Constitution (c’est-à-dire dans un texte qui prévoit des modifications institutionnelles permettant à l’Union de fonctionner correctement à 25 et une Charte des droits fondamentaux contraignante) ?
On connaît les réponses des tenants du « non ». Ils ne veulent ni de la Constitution ni de la partie III en se réfugiant derrière l’argument d’une renégociation dont on sait très bien qu’elle est impossible car, bien entendu, il faudrait qu’il y ait un consensus pour cela, consensus qui n’existera pas.
En votant « non », comment la France pourra-t-elle exiger un consensus pour une renégociation générale d’un projet de Constitution qu’elle a, elle-même, défendu pendant ces cinq dernières années ?
On a entendu, hier soir, les « réponses » de certains leaders du « non ».
Sortir de l’Union
européenne (Le Pen et Pasqua) tout en sachant qu’en l’état actuel des choses,
c’est impossible (il n’y a pas de clause de retrait dans le Traité de Nice à
la différence du projet de Constitution) et que ce désengagement serait
politiquement et économiquement catastrophique.
Exiger (Buffet) que les peuples fassent pression sur les
gouvernements pour que, dans chaque Etat, des assemblées constituantes
nationales se réunissent au niveau européen. Ce qui relève, naturellement,
d’un rêve éveillé auquel je suis persuadé la secrétaire nationale du PC ne
croit pas (elle a été ministre, elle sait très bien comment ça fonctionne,
donc son discours est à usage de politique interne). On attend qu’elle donne
le mode d’emploi. Celui d’octobre 1917 ? Pourquoi pas des soviets tant
qu’on y est.
Doter l’Europe
d’un gouvernement économique (Chevènement) et plaider en faveur d’une
harmonisation fiscale. Ce à quoi il est facile de rétorquer au
« Che » que son double souhait ne peut avoir de sens qu’avec l’euro
(qu’il a énergiquement combattu) et une Constitution liant de plus en plus le
destin politique des Etats membres (Constitution qu’il combat également)
Vous saupoudrez ces brillantes analyses par des incantations sur le génie de la France, l’indépendance nationale, le peuple de 1789, l’hydre bruxelloise aux mille visages, et vous obtenez la fameuse attitude du « Y a qu’à, il faut que... ».
A part Le Pen, tous les leaders du « non » ont été confrontés à l’exercice du pouvoir dans les gouvernements précédents en étant soit ministres, soit secrétaires d’Etat. Ils savent donc que leurs beaux discours ne tiennent pas la route. Pourquoi donc les tiennent-ils alors si ce n’est pour sacrifier l’intérêt général sur l’autel de leurs intérêts particuliers ? Point n’est besoin de sortir de Sciences Po Paris pour savoir que leurs intérêts particuliers est de se ménager une place visible sur l’échiquier politique français (reprise en main du Parti socialiste, redynamisation du Parti Communiste, constitution d’un courant souverainiste en marge de l’UMP, etc.).
Finalement, plus on pousse l’analyse, plus on se rend compte que le seul homme politique qui pourra se poser en alternative est Le Pen car il pourra facilement faire observer à tous les pourfendeurs du « non » qu’ils appartiennent à « l’établissement » qui a doté le pays de gouvernements qui ont amené la France à la situation qu’ils dénoncent aujourd’hui sur tous les tons.
Avant de déposer son bulletin dans l’urne, ça vaut quand même la peine d’y réfléchir. Ne croyez-vous pas ?
Bonjour Fabrice
Les échanges c’est fabubleux ... J’ai du mal à croire que l’on pouvait apprécier la prestation des Breton et Badinter.
Vous avez vraiment aimé ce truc de mauvais magicien ? "À ma gauche un gros tas de documents sur les différents traités Européen et hop regardez ce qu’il devient ce gros tas dont vous ne voulez pas ... ce tout petit livre passionant qui est notre fierté !" Oups ... on est pas pris pour des c... là ?
Chaque camp veut frapper les esprits et pour celà tout le monde tombe dans les pires comportements infantilisants.
Je préfère de loin venir lire les bonnes réflexions qui se trouvent sur ce blog pour forger mon opinion.
Vous avez de la chance d’être si sûr de votre OUI !
Vous ne craignez pas que des gens qui ont fait le mauvais traité de Nice aient construit aussi un mauvais TCE ? Vous leur donnez votre confiance alors qu’ils ont déjà fait la preuve de leur incapacité ? C’est bien d’être confiant ...
Vous résumez les choses de manière abusive, oubliant en particulier les responsabilités de la cohabitation dans le rattage de Nice. En effet, la France en tant que pays hôte n’a pas véritablement joué son rôle de médiateur, entre un Président de droite, peu concerné par les quetions européennes, et un gouvernement de gauche (auquel appartenait M-G Buffet) soucieux de marquer son territoire en matière de politique étrangère. En bref, le "rattage" de Nice doit beaucoup aux dysfonctionnements des institutions françaises.
Maintenant, concernant Thierry Breton, oui il a été théatral, pour autant la seule véritable question n’est-elle pas de savoir si ce qu’il disait était vrai ou non ? La réponse vous la connaissez aussi bien que moi, malgré le caractère spectaculaire de sa démonstration, ce qu’il a dit est une réalité. Par contre M-G Buffet ne s’est contentée que de faire de l’éloquence à propos d’une "autre Europe".
Vous êtes en droit de préférer la seule éloquence au théatre, mais c’est un débat qui relève plus des compétences de Judith Bernard.
Mme Buffet : « Ne peut-on pas s’inquiéter que la Banque Centrale Européenne soit indépendante et ne rende des comptes à personnes ? »
( C’est une question à laquelle j’aurais aimé une réponse )
Mr Breton, brandissant le petit livre bleu : « On peut être fier de ce Traité ! »
Thierry Breton, efficace ? No comment. C’est bien Fabrice d’être confiant en effet....
Je ne sais toujours pas quoi voter le 29 mai prochain...
Xavier
PS L’extrait du dialogue est retranscrit de mémoire ; mais le fond est respecté.
Fabrice, tu écris...
" Dans l’émission d’hier soir, Robert Badinter a résumé en quelques phrases l’inanité du « non ». La question à laquelle les Français devront répondre est simple :
Vaut-il mieux conserver la partie III sans la Constitution (c’est-à-dire sans les modifications institutionnelles permettant à l’Union de fonctionner correctement à 25, sans une Charte des droits fondamentaux contraignante) pour en rester au seul traité de Nice dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est mauvais et inefficace
ou bien
vaut-il mieux conserver la partie III en l’intégrant dans la Constitution (c’est-à-dire dans un texte qui prévoit des modifications institutionnelles permettant à l’Union de fonctionner correctement à 25 et une Charte des droits fondamentaux contraignante) ? "
J’entends bien ton argument "ça améliore ce qui existe, ne crachons pas dessus". Mais en ce qui me concerne, ce référendum peut être l’occasion de dire que justement, ce traité de Nice qui a été adopté... n’a guère de légitimité démocratique. Nous a-t-on jamais demandé notre avis au sujet de ce traité, à l’époque ? Puisqu’il est question de renforcer le fonctionnement démocratique de l’Europe, il me paraît aussi légitime d’avancer ton argument pour le OUI ("cela va effectivement renforcer le fonctionnement démocratique de l’UE") que celui que j’essaie d’exprimer pour le NON ("montrons qu’effectivement, la légitimité démocratique d’une décision ne saurait être galvaudée").
" On connaît les réponses des tenants du « non ». Ils ne veulent ni de la Constitution ni de la partie III en se réfugiant derrière l’argument d’une renégociation dont on sait très bien qu’elle est impossible car, bien entendu, il faudrait qu’il y ait un consensus pour cela, consensus qui n’existera pas.
En votant « non », comment la France pourra-t-elle exiger un consensus pour une renégociation générale d’un projet de Constitution qu’elle a, elle-même, défendu pendant ces cinq dernières années ? "
Si renégocier est impossible, l’UE n’est déjà plus démocratique. Fin du rêve.
Oui bravo pour ce petit article-blog qui est presque exclusivement le reflet de ma pensée.
J’aime beaucoup votre image du brassard japonais, oui moi aussi ça m’emmerde de dire "oui" aux Chirac, Hollande et tout ce gratin politicien coulé dans la démocratie médiatico-parlementaire qui n’ont d’arguments que la stigmatisation du vote "non".
Oui j’ai vraiment toute envie de voter "non" moi aussi, en plus tout mon entourage, les écrivains et autres personnalités public que j’apprécie sont en majorité (pour ceux qui se sont exprimés) pour le non.
Oui j’ai grande envie de leur dire merde, mais voilà je suis comme vous, j’aime le relativisme et je relativise depuis le début à propos de ce référendum.
Votez non cela va-t-il vraiment leur fait comprendre quoi que ce soit à ces gens là ? Ils n’ont pas compris le second tour du FN, pourquoi comprendraient-ils ? Ce sera pour eux un vote de mécontentement de plus, rien d’autre.
Et puis j’ai lu, relu et je trouve ce texte imparfait mais cependant meilleur que les autres. Cela devient donc dur de voter utile en votant contre, ce que j’estime profondément être, une amélioration significative de la démocratie au sein de l’UE et le début enfin d’une Europe plus politique que de marché.
Et si en plus ce bon vieux "PanzerKardinal" n’en veut pas, alors là oui je n’ai plus à culpabilisé (et oui nous aussi on culpabilise d’être "des soumis au système et à la plutaucratie bruxelloise") de voter "oui".
Soit, je me vengerai aux élections européennes, et en attendant je regarde, j’entends et je réserve mon vote pour cet instant là.
Un grand ouf ! Ca fais plaisir de voir quelqu’un sur la même longueur d’onde.
Daniel !!! Pencher pour le Oui juste quand je venais de trouver une bonne raison pour souhaiter la victoire du Non.
Je suis en désaccord avec la majorité des arguments pour le Non (que celui qui est en accord avec tous vienne nous l’expliquer en détail, ce sera un magnifique morceau de dialectique), mais j’en trouve certains trés pertinents. En autre, que l’obligation d’unanimité pour réviser la constitution soit stupide me semble évident. Mais cette règle ne peut être modifiée qu’a l’unanimité ! Je jugeais la chose irréaliste ; donc à repousser à un moment plus opportun.
Mais une idée tordue m’a éffleuré l’esprit (ça ressemblait à : VGE=>piège à con), et je suis parti à sa recherche dans le TCE. Faut être tenace, c’est l’article IV-437 :
« Le présent traité établissant une Constitution pour l’Europe abroge le traité instituant la Communauté européenne et le traité sur l’Union européenne,ainsi que,...,les actes et traités qui les ont complétés ou modifiés,... »
Donc tous les pays ratifiant le TCE dénoncent par la même occasion tous les traités fondant l’Union actuelle ; et le TCE se suffit à fonder une nouvelle Union. La situation est radicalement différente des précédentes évolutions, qui toutes se reféraient au traité de Rome. Quelle conséquence ?
Dans un an, le résultat du processus de ratification sera connu. Si un nombre conséquent d’états refuse le TCE, il est évident que l’on reprends tout à 0. Mais ce n’est pas le plus probable : une majorité d’états a choisi la voie parlementaire, où le Oui est acquis (alliance PS-libéraux) ; et la vision jacobine des français voulant que l’Europe, en tant qu’instance supérieure décide de tout est étrangère au reste du monde. Un Non anglais était anticipé ; un Non français, inattendu, est trés possible ; j’admets qu’un petit pays puisse compléter ce groupe.
Un groupe minoritaire ayant dit Non, un groupe majoritaire ayant dit Oui, qui doit céder ? Surtout quand se présente l’occasion de se débarrasser des deux états les plus chieurs de l’Union (j’ais pendant 20 ans représenté la France dans un groupe technique...). Bien sûr quelques détails juridiques, tels que la propriété des immeubles, seraient à régler. Mais la proposition de choisir entre le statut d’associé (comme la Turquie !) ou de pays tiers (id. Japon) devrait faciliter la solution. Impossible ? Tout état est libre de rompre ses obligations : De Gaule et l’Otan en sont un exemple.
Ainsi peut naître une Union qui, de fait, n’aurait été créée qu’a une majorité qualifiée. Est-ce suffisant pour faire jurisprudence ? Sans doute non. Mais pourraient-ils ne pas inscrire cette évidence de majorité qualifiée dans une révision du TCE ; en ajoutant la clause que tout pays votant Non sur une révision doit procéder à un deuxième vote sur son retrait de l’Union ; ou son maintient, impliquant acceptation démocratique du résultat global.
Et nos concitoyens européens sont sympas : ils pourraient la rendre rétroactive !
Et ainsi le Non français aurait fait avancer la démocratie européenne !!!
Avec juste un pseudo drame comme chaque fois que l’Europe a avancé.
Soyons sérieux, car je ne doute pas que tout cela soit dit sur le ton de la plaisanterie, mais cet article ne peut entrer en fonction qu’en cas de ratification du traité. Par voie de conséquence, si le "non" passe, comme tout le reste de la Constitution il ne peut produire d’effet juridique et donc les traités antérieurs resteraient valides. De plus, la Conférence Inter-Gouvernementale a décidé que si 4/5 des Etats avaient ratifié le traité constitutionnel et que la situation n’évoluait pas dans les deux années qui suivent, alors le Conseil Européen (c’est-à-dire Présidents et chefs de Gouvernements) se saisirait de la question. Pour en faire quoi, là est la question ?
Mais bon, excusez-moi de briser vos espoirs.
Attention à cette posture qui consiste à se déterminer en fonction de quelqu’un d’autre, d’autant plus qu’ici, ce quelqu’un d’autre est plus un fantasme qu’une réalité.
Voir dans l’église catholique romaine des velleités d’Empire, c’est une chose, penser lui retourner une Constitution comme bouclier, c’est à mon avis lui faire injure et la sous estimer. Car, en effet, c’est bien fini le temps des cathédrales, comme dirait l’autre, et si l’ECR avait besoin d’envahir et de féderer l’Europe aujourd’hui, ce ne serait pas par la force et par la crainte du surnaturel comme jadis.
Ce serait, à mon avis, plutot par une politique séculière, plus matérialiste et séduisante aux nations, capable de convaincre les chefs d’Etats, que par le surnaturel et le religieux. Et une fois les Etats acquis à sa cause, je ne vois pas en quoi la Constitution serait un obstacle, et pire, elle serait un atout pour le Pape, qui n’aurait alors peut être qu’une porte d’entrée au lieu de 25 pour "attraper" l’Europe.
Mais au fond, je ne crois pas que l’ECR convoite la puissance européenne. Elle a déjà une grande puissance spirituelle sur le monde entier et elle est beaucoup trop fine aujourd’hui pour recommencer les erreurs du passé en confondant sécularité et spiritualité.
Non, votre argument ne me parait pas consistant. J’ai plus l’impression que vous avez besoin de vous trouver une excuse à vous même (le pape, et pourquoi pas la chine ou la planète Mars) pour oser prononcer ce cher mot de trois lettres.
Attention à cette posture qui consiste à se déterminer en fonction de quelqu’un d’autre, d’autant plus qu’ici, ce quelqu’un d’autre est plus un fantasme qu’une réalité.
Voir dans l’église catholique romaine des velleités d’Empire, c’est une chose, mais lui répondre en toute réponse par une Constitution comme bouclier, c’est à mon avis lui faire injure et la sous estimer. Car, en effet, c’est bien fini le temps des cathédrales, comme dirait l’autre, et si l’ECR avait besoin d’envahir et de féderer l’Europe aujourd’hui, ce ne serait pas par la force et par la crainte du surnaturel comme jadis. Ce serait peut être et toujours, par le machiavelisme et la ruse, mais plus par une politique séculière et séduisante aux nations, et alors une Constitution unificatrice déjà en place, serait plus une force et un atout pour elle pour "récuperer" une Europe déjà unie.
Mais je ne crois pas que l’ECR convoite la puissance européenne. Elle a déjà une grande puissance sur le monde entier et elle est beaucoup trop fine aujourd’hui pour recommencer les erreurs du passé en confondant sécularité et spiritualité.
Non, votre argument ne me parait pas consistant. J’ai plus l’impression que vous avez besoin de vous trouver une excuse à vous même (le pape, et pourquoi pas la chine ou la planète Mars) pour oser prononcer un mot difficile : OUI.
OUISTE MAIS PAS OUISTITISTE
Figurez vous que ce matin, alors que je lisais Libé voilà que mon nez pique en vrille sur votre chronique sur la Hitlerjungend de Benoit. Et je me dis :- Merde ! mais t’as son url dans tes favoris ! t’y penses jamais à baguenauder chez lui. Il faut dire que de baguenaudage en baguenaudage dans la blEGOsphère on finit par oublier ses amis.
Tout ça pour dire quoi ?Qu’on se sent bien chez vous . Qu’un NON bien argumenté ça s’écoute . Un OUI bien argumenté aussi , par ailleurs. Mais aussi qu’il flotte toujours dans l’air un parfum bobo-suffragette du type " Moijevotarlette " ,et ce parfum là, de type siphonophore, il a plutôt tendance à m’urtiquer les narines : surtout quand il laisse échapper des fragrances de 21 Avril tapies clandos sous le bouchon. Conclusion ? Pour moi ce sera OUI. Un Oui ni ouist ,ni wee-weeste,ni ouistitiste. Un OUI OUI. Bien cordialement.
He he Bien joue, Daniel. J’en suis persuade, tu n’as ecrit cet article que dans un but : verifier que tu etais toujours tres lu. D’ou la provoc facile amenant des milliers de reactions de tes lecteurs en moins de 24h.
Du beau boulot.
Cela dit, ton argument meriterait d’etre pris au serieux par les ouistes. Evidemment pas avec Benoit 16, ca marchera pas.
Non.
Je vais donner l’idee geniale a tous les ouistes :
Tariq Ramadan !
Ben oui. Je suis sur que si on va lui demander, il y a de fortes chances que Tariq Ramadan appelle a voter "non". Paf, un beau battage mediatique et le oui devrait l’emporter.
Ou au moins remonter au-dessus de la barre des 40%.
C’est pas genial comme idee ?
On dit merci qui ??
PS : Daniel, quand j’ai mis un lien sur l’article du Washington Post, je ne pensais pas que tu t’en servirais pour faire une telle blague. Mdr !
Monsieur Schneidermann, continuez votre voyage- exploration dans le TCE et évitez de vous laisser tenter par les arguments trop faciles.
Vous ne pouvez pas d’un côté dénoncer les ouistes qui manipulent l’opinion (en recourant à des arguments à la limite de l’honnêteté intellectuelle : les JO, le Pen, l’apocalypse, la paix/la guerre, les Valeurs...) et nous sortir de sa toque le nouveau pape, Benoît XVI !
C’est dans la pure tradition de SOS racisme, de Ni putes ni soumise, et des édito fumeux du Monde sur le racisme, le fascisme, l’intégrisme, l’extrémisme, la bête immonde qui renaît ; toute une thématique qui a permis à une certaine gauche, oublieuse de ses origines, de masquer ses reniements, de s’ériger en gardienne exclusive de la morale et des valeurs, pour finalement décrédibiliser toute autre parole et évacuer la question sociale...Cette opération politique( politicienne) a assez bien fonctionné jusqu’à un certain 21 avril 2002 ! Mais cette grosse ficelle peut toujours à l’occasion encore servir, c’est le cas hier dans l’émission 100 mns pour comprendre (pour brouiller) avec le débat Delanoë/le Pen...Il s’agit en l’occurrence de ramener à la « raison » les électeurs et les sympathisants de gauche qui s’apprêtent à voter NON (il paraît que le non est surtout porté dans les sondages par cette frange de l’électorat)...Un débat Delanoë/ Le Pen à l’occasion du référendum ! Le oui assurément à 82%...Culpabiliser donc le Non, car un NON serait belliciste, chauviniste, raciste, extrémiste...Cela donc consiste encore à ramener le débat sur le terrain des valeurs et du sociétal, et évacuer l’essentiel. Qui serait contre les droits de l’homme, les valeurs de démocratie et de tolérance...etc. Mais est-ce là l’enjeu de ce référendum ?
A propos de cette émission, l’on a encore assisté, démonstration grande nature, au journalouisme... Docile, acquiescant et approuvant de la tête devant Giscard et Badinter...Journalisme questionneur, relanceur et contradicteur avec Chevènement et Pasqua (une journaliste de F2 que je connaissais pas, Marie Pierre Farkas, je crois, l’air grave et presque les larmes aux yeux interpellant Pasqua sur la guerre/ la paix en Europe ! Silencieuse et idolâtre devant Badinter !).
Les Partisans du Non ne doivent ne plus se rendre à ces simulacres de débats...L’idée qu’ils vont être confrontés à unique contradicteur, dans un dialogue arbitré, est biaisée ...Ils se trouvent souvent, outre le contradicteur en titre, en face d’une coalition faite de journalistes et d’experts (la palme astucieuse dans ce domaine revient à l’émission de C. Ockrent sur la 3, toujours des experts, des intervenants extérieurs).
La question que je me pose est : existe-t-il des journalistes qui sont pour le NON ? J’ai pris connaissance d’un communiqué du SNJ (Syndicat national des journalistes) très réservé sur le TCE et qui appelle à un traitement éditorial équitable à l’occasion de ce référendum. Mais où sont ces journalistes, sur quels supports s’expriment-ils ?
La question finalement qui vaille est celle de ne pas se demander s’il existe des journalistes qui sont pour le OUI ou pour le NON, mais des journalistes tout courts, des journalistes qui font leur métier de journaliste ? Sur les grands médias on ne les entend pas et on ne les voit pas ! Normal, ces grands médias ne sont que le reflet et le relais de leur propre système d’organisation et de pensée...
De grâce donc ne faites pas intervenir le pape dans ce débat, ce sera un argument du même acabit que les JO à Paris !
Le vent a tourné, le « non » est mort de son triomphe à répétition dans les sondages et d’avoir brûlé toutes ses cartouches. A force d’avoir été sondés il ne nous est plus resté une goutte d’opinion, plus rien à objecter, un peu comme les Dogons, paraît-il, tellement sollicités par les ethnologues qu’ils en étaient venus à inventer des mythes et des rêves pour ne pas les décevoir.
Le « non » a perdu d’avoir gagné car les vrais rebelles meurent toujours trop tôt, sur la route ou dans la jungle amazonienne, ceux qui n’ont eu cette chance ont fini trafiquant d’armes, députés européens quand ce n’est dictateur sur leur île. Imaginerait-on Robins des bois roulant en 4X4 et payant une pension alimentaire mirobolante ?
En ce sens, voir, au milieu du gué, Emmanuelli pérorer et Chouard en star des médias n’annonçait rien de bon. Cela semblait appeler fatalement la négation de la négation, source d’un acquiescement -de second degré- au réel. Concrètement, au processus d’intégration européenne, dont on se saura bientôt plus comment on a pu douter, puisque, semble-t-il, même les nonistes au fond ne le contestaient pas. « S’opposer » est une chose, « être » en est une autre, Emmanuelli n’est pas un grand politique ni Chouard un véritable économiste, d’ailleurs et puisqu’il est loisible de s’attaquer aux celebrities, au regard de la page web de l’ex-prof anonyme, dénuée de tout sens esthétique, le cadre constitutionnel aura sous peu l’évidence d’un beau Rothko.
Les belles âmes et les demi-savants objecteront probablement que le débat ne saurait se résoudre en termes de « tempo » et d’affects. Aimable naïveté. Si le vote était l’aboutissement d’un processus rationnel, ce serait une déduction pas une décision, et surtout, on ne comprendrait pas du tout comment la grande majorité des intellectuels et des savants ont pu être pacifistes dans les années 30 ou staliniens dans les années 60.
Toute cette histoire n’a jamais été un débat constitutionnel mais on ne s’est pas trompé pour autant à parler obstinément d’autre chose. Dans une démocratie, c’est-à-dire lorsque les droits fondamentaux sont garantis, seul compte vraiment la jurisprudence et l’application du droit, les rapports de force et l’état de l’opinion. En gros la politique.
Mise à mal depuis, la théorie d’Einstein sur le concept univers courbe fermé fut une idée révolutionnaire puisque elle apportait la réponse à la question de savoir où se situaient les limites de notre monde. Selon le concept d’univers fermé en expansion, un vaisseau spatial fonçant droit devant lui dans un univers fermé reviendrait à son point de départ et en naviguant dans toutes directions pourrait également l’explorer entièrement sans jamais rencontrer de frontière.
Ici, sur l’espace du big bang blog, j’y ai souvent vu des vaisseaux spatiaux partir sans jamais avoir eu envie de les voir revenir. Juste rester en liaison radio avec eux, entendre leur Roger ou Alpha tango. Parce que pas de frontières. Un univers fermé, en expansion.
Avec ce 11, j’ai l’impression de voir le cargo spatial Daniel Schneidermann pénétrer l’atmosphère, même s’il nous dit ne pas forcément avoir l’intention d’atterrir.
Benoît XVI peut-il sauver le TCE ?
Là, vous êtes très fort Daniel et surtout très drôle !
Vous avez vraiment dû vous marrer en écrivant votre dernière "chronique".
Je me disais jusque là, exception faite de Chouard, le feuilleton existenciel de Daniel sur "je sais pas quoi faire..." semblait s’épuiser. Et Benoît est arrivé. L’aubaine.
Le "oui" laïque pouvait enfin faire son apparition. Nous qui avions été abreuvé médiatiquement de vaticanesques affaires de familles, étions sauvés. Va de retro Benoît. C’est pour rire. Mais j’espère que Benoît est en bonne santé. Parce qu’une défaillance papale, avant le 29 mai, serait peut-être fatale pour le "oui". Allez, prions.
La dernière fois que j’ai voté une chose en pensant à autre chose remonte à une date trop souvent citée en ce frileux avril.
Penser "logiquement c’est non", mais voter oui pour le relativisme anti Benoit...
Il faut bien reconnaitre qu’après avois suivis moult débats, les arguments ouistes et nonistes s’entrechoquent et que l’on ne peut nier que l’autre camps dispose d’argument.
Et donc il faut bien finalement s’en tenir à une vision globale et à quelques gouttes qui feront déborder le vase d’un coté ou de l’autre.
Pour moi, il est des gouttes importantes comme :
"Les Etats membres s’engagent à
améliorer progressivement leurs capacités militaires."
"Le Parlement européen est consulté
régulièrement sur les principaux aspects et les choix fondamentaux de la
politique de sécurité et de défense commune. Il est tenu informé de son
évolution. "
ou encore :
"Reconnaissant leur identité et leur contribution
spécifique, l’Union maintient un dialogue ouvert, transparent et régulier avec
ces églises et organisations." voir l’article
1-52
Il me semble qu’il ne faut pas se méprendre sur l’appel de la nouvelle pope star. Aujourd’hui, les églises n’ont rien à voir avec l’union. Demain (avec le TCE), elles seront reconnues. C’est déjà beaucoup, énorme même car les églises des uns sont les sectes des autres.... Et pourtant cela ne suffit pas à Benoit.
Penser non, et finir par voter oui pour finalement cet unique élément pour faire pencher la balance que le TCE ne suffit pas à Benoit (alors qu’il représente une avancée pour son institution), ce n’est pas un peu léger ?
Voter oui pour le Relativisme "religionel" du TCE qui dans le même temps prone la course au armements.... ce n’est pas un peu dangereux et contradictoire ???
Je crois que, finalement, vous avez cédé aux sirènes de la peur agitée par les ouistes sans arguments, qui laissent accroire que tout va s’arrêter le 29 mai si le non l’emporte. Comme si les électeurs de gauche, ceux qui ne veulent pas que le libéralisme obligatoire soit inscrit dans le marbre, étaient contre la construction européenne et contre les valeurs laïques que vous défendez. C’est tout le contraire !
"Or il existe une zone du monde qui est relativement préservée de tous ces intégrismes : c’est l’Europe.../... Et voilà que cette Europe se dote d’un projet de Constitution, qui garantit ce relativisme".
Daniel, vous pouvez rechanger d’avis et prendre en compte d’autres critères puisque le non défendra la même chose à ce sujet. Et peut-être même plus fort encore ! Ce n’est en aucun cas cette partie qui est attaquée. J’ai l’impression que vous ne vous rendez pas compte que le non de gauche est beaucoup plus fort que le non villieriste. J’ai déjà remarqué que vous surestimiez le nobliau vendéen. Ne faites pas comme les Cassandre de la fausse gauche hollando strauss-kahnienne, faites confiance au peuple (j’ai dit un gros mot, là ?).
Encore une fois, voter non, c’est pas la fin du monde. Ça conduira simplement à retirer du texte ce qui n’a rien à y faire. Ça peut aller très vite et ça peut être très jouissif, parce que là encore, contrairement à ce qu’affirment les oiseaux de mauvaise augure lorsqu’il disent "on ne peut pas renégocier, on est isolé", le non français sera une giffle immense qui ralliera beaucoup de monde. Comment un des pays les plus puissants, fondateur de l’Europe, pourrait-il être écarté ? C’est affligeant de bêtise que de laisser croire cela. L’Europe d’en bas existe. Elle est privée de débat, c’est pourquoi elle espère que nous aurons le courage de renverser la table aux exclus !
Dans le discours de Duquesnoy, il y a au moins un aspect qui ne manque pas d’intelligence, c’est l’ardeur avec laquelle il met en cause l’argument "ouiste" de la non renégociabilité du projet traité constitutionnel actuel.
En fait, je crois qu’il n’a pas tort : en cas de "non" de la France, il n’est pas absolument sûr qu’il n’y aura aucune renégotiation, ni aucun "plan B". Finalement, après tout ce travail, il n’est pas impossible que les négotiateurs, piqués au vif, n’essayient de se donner une seconde chance.
Le problème, à mon avis, n’est donc pas de savoir si la situation actuelle rend possible ou impossible toute renégotiation, mais plutôt de savoir si elle rend possible ou impossible de rendre le traité compatible avec les exigences de ceux qui le refusent maintenant. Pour ma part, je suis précisément convaincu du contraire.
Car c’est là que le bât blesse : puisqu’on ne sait pas ce que sont ces exigences précisément, il sera bien difficile de savoir quoi renégocier. Et ce même si l’on part du principe qu’il faudra négocier dans la direction du non de gauche (je crois qu’on peut honnêtement dire sans caricature qu’il y a aussi un non de droite qui est diamétralement opposé au non de gauche sans être pour autant extrémiste. Choisir l’un des camps au détriment de l’autre sera donc forcément politique, sinon arbitraire).
Et faute de connaitre le point à atteindre, on ne pourra jamais savoir, même a posteriori, si l’objectif a été a atteint.
Ce qui serait donc utile, c’est que, pour fixer les idées, les partisants du non (de gauche comme de droite finalement) disent clairement, avant le referendum, quel serait concrètement l’objectif à atteindre dans une renégotiation. Quand je dis concrètement, je veux dire, quel article (ou groupe d’articles) supprimer, ou quel article modifier et comment, ou qu’ajouter et comment.
Ceci aurait de multiples avantages :
d’abord cela permettrait à chacun
de mesurer exactement sa proximité de vue avec l’objectif que visent les
noniens (en tout cas chaque catégorie d’entre eux),
ensuite, cela permettrait à nos partenaires
européenes de mieux nous comprendre, et de mieux juger en connaissance de
cause s’ils veulent renégocier avec nous, et de le faire sentir
éventuellement par la presse,
par ricochet, cela permettrait aussi à tout un chacun de
se faire une idée de la probabilité d’atteindre les objectifs de la
renégotiation,
enfin, et
c’est le plus important à mes yeux, cela permettrait que, dans l’hypothèse
où l’on arriverait effectivement à un résultat, chacun soit bien mis devant
ses responsabilités, et ne soit pas tenté par la course à l’échalotte
démagogique du toujours plus.
Dommage que personne n’aie encore fait ça.
Alors, à vous de jouer, Duquesnoy !(et les autres pourquoi pas).
Faites nous savoir quels sont vos objectifs , de manière détaillée. Cela ne représentera évidemment que vous, mais, au moins, vous aurez franchi un pas important, qui vous honorera, je crois.
Et puis, qui sait, après le referendum, peut-être serons nous nombreux à nous joindre à ces objectifs avec vous, si, comme cela devient de plus en plus probable, le non l’emporte.
Je suis généralement supporter de Duquesnoy, même si je le trouve un peu véhément.
Puisque Burt nous le demande, on peut faire un peu de ménage
dans la constitution, mais cela n’engage que moi.
on s’est déjà entendu sur les parties II et
III : l’une nous livre à l’arbitraire des juges, et l’autre regroupe
les politiques à changer. A la poubelle ! (On pourra peut-être en
tirer quelque directives au cas par cas)
préambule : on pourrait remettre la citation de Thucydide, elle me plaisait bien
partie I : je ne vais enlever que ce qui me dérange le plus, sinon, on n’a pas fini.
Article I-3
2. le" marché intérieur ou la concurrence est libre et non faussée " n’a rien à faire dans les objectifs de l’union, ça peut éventuellement être un moyen sous certaines conditions.
3. L’union oeuvre pour le développement durable de l’Europe fondée sur une croissance économique... STOP !. Ce paragraphe dit tout et son contraire. On se limitera donc au plein emploi, au progrès social, au niveau élevé de protection, et on se contentera de préserver la qualité de l’environnement, ce qui serait déja pas mal. On garde les autres paragraphes.
4. L’union doit promouvoir ses valeurs avant ses intérêts. On vire le développement durable (ça veut tout et rien dire), et le commerce libre, qui n’est pas un objectif (on peut garder le commerce équitable)
Je m’arrête pour aujourd’hui. C’est ce genre de travail que tu souhaites, Burt ? Si c’est le cas, je continuerai à partir du I-4.
Eh bien je trouve que c’est déjà un bon début, Pierre.
Je dois dire que, pour ta part, tu avais déjà exprimé ton apréhension de la partie II avec pas mal de précision, et donc je trouve que tu avais déjà fait à cet égard pas mal du travail que je recommandais.
Pour ce qui est de la partie III, je vois que tu la rejettes en bloc. Mais j’avoue que je n’arrive pas très bien à déterminer d’après ce que tu écris si cela veut dire que tu souhaiterais la révocation de l’ensemble des traités existants (qui forment grosso modo cette partie) ou est ce que tu souhaites plutôt ne pas garder ce qui dans cette partie change ces traités.
Cela peut parraître futile, mais c’est en fait important pour préparer une renégotiation.
En effet, abolir tout ce qui existe est un objectif extrêmement ambitieux.
As-tu considéré celà dans le détail ? Ou penses tu que certaines des politiques pourraient être gardées au cas par cas ? (au fonds c’est vers ça que tu as l’air de pencher puisque tu voudrais garder quelques directives.)
Burt, concernant la partie III, mes critiques sont de
deux ordres :
je suis contre l’intégration des traités antérieurs
dans la constitution. J’avais compris, lors du débat sur Maastricht ,
qu’un certain nombre de dispositions devaient être prises pendant la
constitution de l’Ensemble Européen, pour que certains pays ne
profitent pas de cette période transitoire pour prendre des avantages
définitifs sur les autres. Une fois passée cette période transitoire,
ces règles devaient pouvoir être changées, comme le sont les lois qui
ne conviennent plus. La constitution servirait à définir de quelles
manière on fait les lois, et donc, comment on peut modifier ce qu’il y
a dans ces traités. Si on garde ces traités, ça veut dire qu’on reste
dans la période transitoire. A quoi bon faire une Constitution,
alors ?
je suis contre pas mal de politiques inscrites dans cette partie. Pour ne pas tout passer en revue, on peut parler du marché intérieur, puisque nous en avons déjà parlé.
Je suis pour la libre circulation des personnes, mais il faut que cela se fasse en payant l’énergie nécessaire à son juste coût, c’est à dire que les taxes prélevées lors des déplacement puissent compenser les conséquences environnementales de la pollution, par la recherche de perspectives technologiques, des mises en place de dépollution, ou encore mieux à mes yeux, la limitation des déplacements inutiles. Cela implique une taxe uniforme sur l’energie au niveau de l’Union. C’est le contraire de la politique actuelle.
Le transport des marchandises ajoute la mise en concurrence des salariés à la pollution. Il doit donc être limité à double titre. Toutes ces nouvelles politiques nécessitent de changer les lois existantes.
Ces lois ne doivent donc pas être inscrites dans la constitution.
Voici la suite de ma réponse sur les corrections de la constitution. Sinon, j’ai déjà répondu sur la partie III, mais ma réponse n’apparait pas. Peut-être y-a-t-il un problème technique.
Je m’étais arrêté au I-3. : J’oubliais de dire que la préservation de l’environnement est un objectif qui ne doit pas être limité à l’Europe, mais être étendu au reste du monde. De plus, cela doit apparaître 3, et non au 4 car l’Union doit y oeuvrer, et pas seulement y contribuer.
I-4. Libre circulation : contentons nous de la libre circulation des personnes.
I-8. La devise de l’union devient "Liberté, Egalité, Fraternité". Je suis bien conscient que ça ne nous fait pas progresser, mais ça fait progresser les autres.
I-9. 1. comme j’ai enlevé la partie II, il faudra revoir ce paragraphe. Je pense qu’on peut se référer à une des chartes ou déclarations sur le sujet. Je laisse à Burt le soin de choisir la meilleure.
I-14 Je mettrais bien la fiscalité parmi les compétences partagées.
I-15 Il serait bien de rappeler que l’Union prend des mesures pour assurer le plein emploi (coordination des politiques économiques et de l’emploi).
I-20 1. Il faudrait un système ou le parlement Européen soit prépondérant par rapport au Conseil, comme en France, l’Assemblée National par rapport au Sénat. Comme ça, un changement de majorité aura des effets vraiment sensibles.
2.J’aimerais bien que les parlementaires soient élus à la proportionnelle avec une seule circonscription. Evidemment, si un Polonais nous promettait de voter selon nos convictions, nous voterions pour lui. Le parlementaires ne peuvent pas être protégés de la concurrence étrangère et mettre les autres en concurrence ! On peut prévoir 1 ou 2 sièges pour les tout petits pays.
I-21 1. Ca serait bien que le parlement partage le choix des impulsions et des orientations.
I-25 Je trouve que la majorité qualifié donne trop d’importance aux petits pays, mais enfin, c’est le résultat d’une négociation... Acceptons-le à regret.
I-26 4. J’aimerais bien que la commission représente la majorité du parlement Européen, et ne soit pas un aéropage de gens compétents etc ...(quand on a entendu notre commissaire aux transport parler de l’effet de serre, on se demande ce que ça veut dire.). Mais cela me semble surtout une question de pratique : les partages entre le PPE et les socialistes rendent les orientations du parlement illisibles.
6. le fait que Malte, Chypre ou le Luxembourg aient autant de commissaire que l’Allemagne me semble ridicule. Ce genre de système ne marchera jamais.
7. Indépendance, d’accord, mais sous la surveillance du parlement.
I.30 2. l’objectif de plein emploi doit être rappelé. 3. La banque centrale est trop indépendante. Il faut qu’elle soit plus suivie par le Conseil et le Parlement. Je n’ai pas d’avis sur les modalités. 6. composition : les gouverneurs des pays qui ne sont pas dans l’Eurogroupe ne doivent pas participer aux décisions (la composition est détaillée dans la partie III, et c’est pas bien clair)
I. 34. Peut-être cela serait-il bien que le parlement puisse avoir une initiative de loi.
I.40 & I.41 2. Dans les articles sur la défense, on demande aux états d’avoir à la fois plus de convergences, et à ceux qui sont membres de l’OTAN, de respecter la politique de l’OTAN. A ce compte là, ne risque-t-on pas d’avoir une politique qui convergera de plus en plus avec l’OTAN ? Comment cette contradiction est-elle résolue ?
3. Je suis contre l’engagement d’améliorer progressivement les capacités militaires. Il faut simplement veiller à ce que la défense soit la responsabilité de tous, et que chacun prenne sa part.
I.44. Compétences renforcées. Les limitations sont beaucoup trop strictes et la limitation liée au nombres d’états défavorise les gros pays. Ca devrait être souple, à partir du moment ou les coopérations sont compatibles avec les lois européennes. En plus, pourquoi imposer à l’avance les modes de décision ?
I-48. Le soutient aux syndicats pour les aider à favoriser le progrès social pourrait être plus appuyé. Sinon, on peut se passer de ce genre de déclaration dont je ne voit pas très bien ou on veut en venir.
I-50 1. supprimer les termes comme "gouvernance".
I-52 1. On pourra se contenter de garantir la liberté de culte (avec éventuellement des limites aux sectes), ou respecter ce que font les différents états. 3. Le bavardage avec les curés doit-il être inscrit dans la constitution ?
I-53. 2. On enlève "Le budget doit être équilibré". On peut éventellement limiter les déficits aux investissements.
I-58 1. J’ouvrirais bien l’Union à tout état limitrophe de l’Union.
Voilà, les principales corrections qu’il faudrait apporter, à mes yeux. Pas grand chose, finalement.
S’il s’agit de négocier, il faudra bien sur dire que nous tenons beaucoup à la partie II, et qu’il s’agit d’une grande avancée sociale, et que nous vendrons chèrement se peau. Enfin,... reprendre tous les arguments du Oui, même si on n’y crois pas deux secondes. Je compte sur les négociateurs.
Je suis un peu gêné d’utiliser toute cette place sur le blog de DS, mais il y deux choses que j’aimerai ajouter à la constitution :
une langue officielle qui permettrait à chacun de discuter sur un pied d’égalité. On peut imaginer le Globish (Anglais limité aux termes strictement nécessaire), le Latin, le Romanche, l’Espéranto. Personnellement j’aimerais bien une évolution de l’Espéranto qui permettrait à des termes comme "Fraternité" d’avoir une connotation neutre, et pas masculine.
coopération renforcée : on pourrait faire des coopérations renforcées avec des pays qui partagent nos valeurs, mais qui ne peuvent pas être dans l’Union parce qu’il ne sont pas limitrophe. Je pense par exemple à Taiwan, à l’Inde ou au Sénégal. On pourrait avoir des échanges (immatériels essentiellement, bien sur) plus poussés avec eux. Il faudrait cependant bien faire attention à ce que cela ne les isole pas de leurs voisins ou ne menace pas leur entourage, mais que cela promeuvent nos valeurs. Il faut que j’en discute avec mon nouvel ami Philippe de Villiers qui n’a pas exactement la même vision de la chose.
c’est surtout affligeant de naïveté de penser à ce tsunami de la gauche européenne.
58% de non (d’autres disent 52, bref, c’est un ordre de
grandeur).
20 % d’extrême
droite
5 % de droite
souverainiste
3 % de
gauche souverainiste
5 %
d’extrême gauche (et arlette en 2001, elle a dit "abstention") moi je suis
entre 19 et 25 % de gauche européenne, bref tout sauf un raz de marée. et si
on en extrait l’équivalent de droite modérée, on est sans doute en dessous
du NON lepénien, en poids démocratique. C’est pas lourd pour le grand soir.
C’est pas lourd pour refaire le monde, c’est pas lourd pour se défendre de
l’ultra-libéralisme.
et c’est pas le reste de la gauche européenne (avec 19 gouvernements plutôt à droite) qui va vous sauvez la peau, quand vous nous aurez mis dans la panade.
J’espère n’avoir insulté personne, contrairement à certains posts par trop "enthousiastes", je défends tranquillement mon petit oui de gauche, indéfectible mais pas emprunt d’idéologie trotskyste, un oui de compromis peut être, mais qui nous permettra de continuer de faire de l’Europe le seul espace un peu tranquille, un peu social.
Je ne retiens qu’une chose de cet article : ce brassard "LOGIQUEMENT, JE SUIS PLUTOT POUR LE NON".
Soyez provocant si vous voulez, votez même comme vous voulez et justifiez ce vote comme vous le voulez, mais ce brassard est une concession que vous rendez à votre raisonnement, qui vous amène au NON.
Quel que soit votre vote final, le résultat de votre cheminement interne (ce qui en vous n’est pas balance impulsive surexposée aux rayonnements médiatiques) va donc vers le NON.
C’est une victoire ! Je suis content d’avoir croisé votre blog, DS, juste pour cette ligne.
Il n’y a maintenant qu’un moyen de résoudre votre schizophrénie, mais c’est votre problème, ainsi que votre moteur professionnel : je ne sais pas si je vous souhaite de vous en priver.
Voter oui avec un brassard non..
C’est ce qu’on appellerait voter en envoyant un message fort. Exactement comme ceux qui le 21 avril 2002 ont voté X ou Y pour envoyer un message fort à Jospin et Chirac...
On sait où ce type d’attitude nous a amenés, il y a trois ans à peine...et j’ai peur quand même des journalistes réputés pour leur qualité d’analyse pourraient avoir de telles pertes de mémoire...
Si votre pensée était bien articulée, façonnée par des années d’analyse rigoureuse de l’image, vous auriez dès le départ fait la part des choses entre l’essentiel et l’accessoire et donné la primauté à l’essentiel. Ou au moins vous l’auriez posé comme contexte à toute discussion.
Or, vous en convenez, vous n’analysez l’essentiel qu’après moult tortueuses digressions sur l’apparence du texte, ses bizarreries bizantines etc...
Qu’en déduire ? Comme je pense profondément que votre pensée est bien articulée et qu’elle est façonnée par des années d’analyse rigoureuse des media, j’en déduis que vous avez cédé au plasir de la manipulation en mettant en scène ce débat (sans forcément vous l’avouer à vous-même ?).
Merci de votre avis sur ce point. Et ne me dites pas que mon commentaire serait une tentative purement dialectique.
Daniel,
J’avoue ne pas comprendre cet article. Depuis le début, je n’avais jamais réagi et je trouvais vos articles plutôt posé et faisant avancer le débat. Ce dernier est tout le contraire ! Vous nous proposez une raison de voter ’OUI’, qui ne se positionne plus par rapport au texte, mais par rapport aux avis d’autres personnes sur le texte. Puis je vous rappeler que la question ne sera pas : "Etes vous pour ou contre le fait que Benoit XVI approuve le TCE ?" Revenons a des arguments sur le traité, et oublions cet argument. Sinon vous allez tomber dans le même piège que les personnes qui regroupent les ’NON’ de gauche et celui de l’extrème droite.
En parenthèse, bien jouer, le coté provoc de cet article, il m’a fait sortir de ma réserve !
cordialement
je trouve que vous avez construit un raisonnement avec le pape qui n’a rien à avoir avec le sujet, vous vous égarez !
les autres intervenants ici ont tout dit sur ce point
faites un choix, que ce soit le "oui" ou le "non" mais en accord avec les arguments reconnus de chaque camp, ne cherchez pas à vous convaincre à tout prix avec des raisonnements extravagants
sinon je trouve que vous n’y allez pas de main morte avec Villepin, traiter d’andouille notre ministre de l’interieur ! ^_^
L’Europe un rempart des droits de l’homme dans un monde de brute ? Vous plaisantez, j’espère. Avez-vous vu Le Cauchemar de Darwin ? On y voit de sympathiques responsables de l’Union européenne se féliciter de la prospérité du commerce avec la Tanzanie. Et en effet, chaque jour, 2 millions d’Européens mangent de la perche du Nil provenant du lac Victoria, en Tanzanie. Pendant ce temps, la famine touche 2 milions de personnes dans ce pays : aucun Tanzanien n’a les moyen d’acheter le poisson qu’il pêche lui-même, souvent au péril de sa vie. Alors il mange les têtes recouvertes d’asticots. Et que fait l’Europe pour les aider ? Elle envoie des armes par les mêmes cargos qui emportent la nourriture.
Récemment, une polémique oppose l’Europe et les USA à propos de l’embargo des armes sur la Chine. Et que pensez-vous qui est le plus impatient de vendre ses armes : l’Europe bien sûr. Alors ces histoires de Benoît et d’intégrisme, ça me fait bien marrer. Faut revenir sur terre.
Daniel, vous oubliez que notre église est favorable à ce traité pour préserver LE PARADIS, auquel nous avons droit.
Certes il s’agit du PARADIS FISCAL, où l’argent sale sommeille( de la drogue, prostitution, arnaques aux épargnants) Mais l’église pardonne aux "PAUVRES PECHEURS"...surtout aux plus pauvres.
article IV - 440-6. " Le présent traité ne s’applique aux îles anglo-normandes et à l’île de Man que dans la mesure nécessaire pour assurer l’application du régime prévu pour ces îles à l’origine par le traité visé à l’article IV-437, paragraphe 2, point a et qui a été repris au titre II section 3 du protocole relatif au traité
les paradis fiscaux que sont Jersey et l’île de Man seront épargnés. C’est, après tout, l’un des droits fondamentaux du capital que d’échapper aux tracasseries fiscales.
Une autre partie du même article est plus limpide : " Le présent traité ne s’applique pas aux îles Féroé ". Vous ne connaissez pas forcément ces îles. C’est un archipel sous souveraineté danoise, et c’est un énorme paradis fiscal.
A vous lire, Ellie, on pourrait croire que les règles communautaires visent la préservation des paradis fiscaux exprès.
La réalité est plutôt inverse.
1/ D’abord, concernant les limites de la Communauté.
Il est exact que des territoires particuliers sous souveraineté de certains Etats Membres à passé colonial sont soumis à des règles particulières. Parfois, le traité ne s’y applique pas du tout, parfois seulement un petit peu.
Votre présentation un peu parcellaire peut donner l’impression que les exclusions visent particulièrement les paradis fiscaux. En réalité, elles visent les territoires auxquels ont été accordés un certain degré d’autonomie (de nature bien entendu très variable selon les traditions de chaque pays). Dans cet état d’esprit, les pays du Commonwealth, bien qu’ayant pour certains d’entre eux la Reine d’Angleterre comme chef de l’Etat, ne font bien entendu pas partie de la Communauté (IV-440-3). Les Iles anglo-normandes et l’île de Man, un peu plus (IV-440-6-c).
Pour citer des exemples un peu plus proches du coeur des français, vous pourrez constater que les départements d’outre mer, qui font intégralement partie du territoire administratif français (avec la célèbre "continuité territoriale"), font partie de la Communauté (IV-440-2), tout en bénéficiant toutefois du statut de territoire ultrapériphériques leur donnant certains privilèges. Par contre, des territoires sous souveraineté française, mais disposant de statuts dérogatoires, tels que la Nouvelle Calédonie, la Polynésie Française, ou Mayotte, ne sont qu’associés à la Communauté (annexe II).
La frontière n’est donc nullement déterminée par la nature de paradis fiscal ou pas mais par le degré d’autonomie par rapport à l’Etat Membre concerné.
2/ Mais il y a plus : non seulement les règles communautaires (en particulier les limites géographiques de l’Union) ne sont pas faites pour favoriser les paradis fiscaux, mais elles sont même parfois utilisées pour lutter précisément contre ces paradis fiscaux.
Un exemple frappant est celui de Gibraltar, qui entretenait jusqu’à peu un régime fiscal dérogatoire particulièrement "intéressant". La Commission a précisément imposé le démantellement de ce régime.
Un démantèlement graduel, certes, mais un démantèlement réel. De plus, il a été imposé en application des règles sur la concurrence. Tout le monde devrait au moins méditer sur cet exemple, car il me semble être la démonstration pratique de ce que ces règles de concurrences ne sont pas nécessairement les monstres ultralibéraux qu’on nous décrit régulièrement. Dans le cas d’espèce, elles ont fait bien plus pour la supression d’un paradis fiscal que les nombreux rapports de M. Montebourg.
Là le coup du IV-440-6 c’est inédit !
Voilà donc que Les îles anglo-normandes, de Man et Feroë (que tous les amateurs de foot ont repérées : notre glorieuse équipe nationale a réussi à les battre et chez eux !) sont préservées de règles (il y aurait donc des régles dans ce texte ultra-libéral) qui pourraient mettre en cause les doux paradis fiscaux qu’ils veulent rester.
Et l’église (la papiste on suppose puisqu’au départ il est question de Benoît XVI) serait donc favorable au traité pour préserver ces "paradis". On dépasse là les limites du grotesque ! D’autant que ces îles sont rattachées à la perfide albion anglicane et pour les Feroë aux luthériens danois (îles Feroë qui n’avaient pas vraiment l’air d’un paradis fût-il fiscal).
Et ce con fesse : c’est d’une finesse !
J. F. Launay
Dans ma quête effrénée de l’homme providentiel, de l’homme qui m’embarquera définitivement dans le navire de l’Histoire, je regardais hier soir "100 minutes pour Comprendre l’Europe". Robert Badinter en fut le dernier invité. Badinter... D-ieu sait si je ne suis pas socialiste. D-ieu sait si mes opinions sont aux antipodes du socialisme tel qu’il a été façonné par Mitterrand, fasciné par l’argent et le Pouvoir. D-ieu sait aussi que Robert Badinter est un socialiste que je respecte. Infiniment. Avec une tendresse incommensurable. Il y a des hommes, comme cela, qui n’ont même pas besoin de forcer le respect, car ils incarnent l’Humanité en ce qu’elle recèle de plus beau.
Hier soir, Robert Badinter, en avocat du "oui", a été nullissime. Il a déclaré entre autres, qu’il avait rédigé une Constitution européenne, pour lui-même, pour s’amuser. A-t-elle quelque chose à voir avec le texte proposé aujourd’hui aux français ? Rien ! Son intervention, sans souffle, sans enthousiasme, sans force, sensu stricto, s’est même terminée par un lapsus terrible : "Avec le "oui", la construction européenne s’arrête." Les journalistes serviles et pathétiques dans leur volonté de soutenir le vieil homme dans son plaidoyer maigrichon et malade, n’auront même pas réussi à rattraper cette bourde qui me semble illustrer à merveille cette campagne du "oui" : personne ne veut de ce texte. Même pas Robert Badinter, un homme profondément européen, un homme juif, un homme qui a connu les affres de la Guerre, ses horreurs, un homme qui partout, a combattu les injustices, dans la lignée de Blum, Jaurès, Mandel, Zola, Mendès.
Le combat de trop, diront certains. Voire. Plutôt l’incapacité chronique à accorder ce texte du Traité pour une constitution européenne à l’idéal européen. Il y a véritablement inadéquation entre le lyrisme de l’Hymne à la Joie et l’ennui créé par ces 450 articles. Je suis sincèrement désolé pour Robert Badinter, dont j’attendais peut-être trop. Mais à trop attendre, à ne voir rien venir, on finit par se lasser. Une pointe de colère naît en moi. Il se peut que mon "oui" flamboyant, gigantesque, heureux, se mue doucement durant les cinq semaines et demie qui nous restent en "non" résigné, un "non" que je glisserai dans l’urne, le sentiment du devoir accompli, sans remords, mais avec une tristesse inconsolable au coeur. J’aurais combattu avec toutes les armes que le cerveau se construit : l’intelligence, le sens de l’intérêt général, la loyauté envers les idées, mes valeurs. Mais devant le refus explicite de Robert Badinter, le plaidoyer profondément honnête d’Henri Emmanuelli hier soir sur Lci, il ne me vient même plus à l’idée que l’Histoire est contenue dans ce Traité, mais bien au contraire que l’Histoire des peuples européens se réalisera dans le refus du peuple français. Une nouvelle étape, vers une nouvelle orientation.
Il serait injuste de ne pas ajouter que le choeur des pleureuses du "oui", j’entends les médias serviles, sauf bien sûr l’Humanité, n’auront en rien servi la cause qu’ils croyaient défendre. Bien au contraire. Au lieu de privilégier un débat démocratique, clair, simple, précis et enthousiaste, ils ont préféré jouer les carpettes devant le pouvoir. Les médias aussi auront une part évidente de responsabilité en cas de victoire du "non", qui se dessine maintenant très nettement. Devant le navire Histoire, les nuages s’évaporent pour laisser apparaître les contours d’une nouvelle Europe, peut-être pas celle que beaucoup attendaient, mais qui peut surprendre par sa capacité à rebondir. Comme Benoît XVI, dont l’élection a choqué le Monde, peut étonner la Planète en faisant avancer son vaisseau Eglise sur des flots agités, sans renier le dogme, si important pour lui.
Effectivement, M. Badinter confie qu’il a écrit une constitution européenne rien que pour lui, par défoulement... Un texte secret. mais alors pourquoi en parler publiquement à la télévision ?
Suis-je le seul à être très très curieux de lire ce document ? Quel journaliste oserait lui demander de la publier (1) ? Au pire, ils s’exposerait à un refus. Au mieux, nous aurions de nouvelles pistes de réflexion... Nous pourrions voter en meilleure connaissance de cause.
Quant à M. Ratzinger, il me semble qu’il préfère ses principes aux hommes. N’employez pas de préservatif même si cela risque d’entraîner des morts supplémentaires du sida en Afrique. A la compassion, il préfère la souffrance.
Je lui reconnais le droit d’avoir et d’exprimer des opinions, par exemple sur l’homosexualité. A deux conditions. Si cela se fait sans haine, racisme ou mépris contre les homosexuels. Et s’il n’oblige pas, d’autorité, les catholiques à adopter son point de vue. Je ne suis pas sûr qu’aucune des deux conditions soient réunies...
(1) Ceci est une grosse perche tendue...
Voilà un bon exemple de l’ambiance qui reigne. A peine quelqu’un dit-il quelque chose qu’on l’accuse de pensées secrètes, doublée d’une complicité des journalistes.
Le projet de constitution de Badinter n’a rien d’un secret. Il est public depuis longtemps. Il a été publié dans le Monde du 27 septembre 2002. Il est également sur le site web de la convention à l’adresse ci-jointe, depuis à peu près le même moment.
Pour le trouver, il suffit de taper "badinter constitution" dans google. C’est le 7ième lien (en tout cas sur ma machine).
Merci beaucoup à Burt et Gio ! J’indique plus bas un lien qui renvoie au texte intégral, précédé de commentaires passionants de M. badinter.
Je vais la lire. Mais dès qu’on la survole, les différences sautent aux yeux. Précision mais lyrisme, clarté et concision... On peut sûrement la discuter, la contester, mais je crois qu’Etienne Chouard trouverait beaucoup moins d’objections à ce texte-là...
La différence majeure avec le TCE ? D’emblée, on a envie de voter oui à ce texte-là.
A Burt : "...pensées secrètes, doublée d’une complicité des journalistes..." ? Au temps pour moi, je me suis mal exprimé et j’ai dû mal comprendre ce que disait M. Badinter hier soir. Je voyais juste un paradoxe dans ses propos : je n’en parlerai pas mais en le disant j’en parle. Il n’indiquait pas que le texte est publié et consultable. Où accusé-je les journalistes de complicité, et de quoi ?
Je dois m’excuser à mon tour, Maryus.
En effet, à vous relire, je me rend compte que j’avais largement surinterprété vos propos et l’objectif de la perche journalistique que vous aviez tendue.
Depuis le début des années 90, tout le monde se spécialiser sur son coeur de métier pour augmenter sa productivité et faire face à la concurrence.
Les religieux n’échappent pas à cette mode.
Pour réduire notre risque, faisons comme les actionnaires, diversifions nos portefeuilles.
Par tirage au sort, allons en accès aléatoire total, à la mosquée, au temple, à l’église, à la synaguogue... cela créera du relativisme, de l’oecumenisme... et un peu de détente.
Tirage au sort aussi pour le OUI ou le NON, pour bien faire comprendre que ça ne risque pas de changer grand-chose.
Nous pourrions ainsi concentrer nos reflexions sur l’art.
Celui d’augmenter nos performances et de répartir équitablement les risques, pour les maniaques.
Ou toutes autreformes d’arts.
donc, Camarade choisis ton camp :
merde à Chirac (NON ) merde à Benoit (OUI )
well, on a réussi parfois encore plus simpliste - bulletin vert avec un chameau ,ou bulletin bleu avec une vache....- dans certains pays africains tres analphabetes, mais enfin pour la France, c’est déjà pas mal ... ;-))
Plus je lis ce blog (et ceci vaut pour tous les articles, pas seulement celui-ci, ni spécialement pour cet auteur plutôt que pour les maintenant deux autres) moins j’ai l’impression de lire un blog... mais plutôt un clone des pages tribunes ou éditoriales du Monde, de Libé ou du Point... Vous n’y écrivez pas pour montrer une belle plume, ni pour argumenter sérieusement, mais pour éditorialiser.
Et l’éditorialisation c’est le niveau zéro de la pensée, c’est ce qui rend Le Point et bien des pages du Monde ou de Libé, ainsi que bien des émission de radio (bonjour Elisabeth) totalement pathétiques. Les éditorialistes se rendent-il compte qu’ils ne sont plus lus pour la valeur de ce qu’ils écrivent (il n’y en aucune) mais qu’il sont lus comme des animaux de zoo, qu’on les lit pour rigoler un bon coup (typiquement le bloc-note de BHL) ou pour la curiosité - malsaine peut être - de savoir ce que cette petite caste ridicule prétend ânonner au monde suposé ébahi.
L’édiotorial est le contraire du blog. Ce blog devient un éditorial permanent.
Cher Daniel
Tout çà pour çà ! Je croyais que vous vouliez étudier le texte article par article, mener pied à pied, note après note, un grand débat, entretenir le doute scientifique jusque dans le secret de l’isoloir . Et puis voilà une fumée blanche, un nouveau pape appelé araignée et vous voilà d’un coup, sans grand rapport avec le texte du TCE, converti au Oui
Permettez moi de vous opposer deux arguments :
L’ensemble des
évêques européens se sont engagés pour la constitution européenne. Tiens,
tiens l’église catholique y trouverait donc son compte ?
http://catholique-versailles.cef.fr/actu-p-texte-europe-comece.htm
L’intégrisme,
le repli identitaire se nourrissent aussi de l’insécurité sociale, de la
misère, de la compétition de tous contre tous, des inégalités et de la peur et
du repli sur soi qu’elles engendrent. Au train où va l’Europe croyez vous
vraiment qu’en tant qu’institution bureaucratique elle va dans ce contexte
nous protéger de l’intégrisme, TCE ou pas ? N’est ce pas, plutôt que les
institutions, l’héritage des Lumières, la mémoire commune de notre sanglante
histoire (d’interminables guerres de religion, deux guerres mondiales quand
même) et notre sensibilité et notre culture d’européens qui avons payé le
fanatisme du prix de millions de morts qui nous en a préservé ?
En apprenant l’avènement de Ratzinger pape, je me suis senti très mal. C’était un choix annoncé, d’accord, mais pour moi ce n’était pas « possible ».
Si on m’avait dit il y a un an, que G.W.Bush allait être réélu dans un fauteuil, qu’on allait bombarder P.Wolfowitz à la tête de la banque mondiale à l’unanimité (même pas une abstention) et Ratzinger pape, si on m’avait annoncé ce triplé explosif... ... je n’y aurais pas crû. Tout simplement.
Maintenant j’accuse le coup. Et je redoute le prochain, le coup du poker.
Je n’ai donc aucun mal à accepter l’idée que Daniel Schneidermann aussi est très affecté, chamboulé, troublé, déstabilisé...
Mais ce n’est pas une raison pour perdre le nord à ce point.
L’adoption de la constitution un sacré pied de nez à Benoît XVI ?
Ca ne va pas Daniel ? Qu’avez vous bu, fumé ou sniffé ce soir ?
Ou alors, une fois de plus, vous faites le malin...
Plus inutile que voter blanc, voter noir sur blanc : c’est interdit.
Portez un brassard ou votez, en somme.
Daniel, David vous le confirmera puisqu’il a été servant de messe électorale, lors de votre passage dans le bureau de vote, vous n’avez pas le droit de manifester votre choix.
Morale de l’histoire : le secret de l’isoloir ne protège pas que soi.
Il me semble que l’accès au dossier thématique de La Constitution Européenne commentée par La Croix est payant. Est-ce bien le cas, ou ne me suis-je pas bien orienté ?
Ce qui fait que je ne sais pas ce que Daniel entend par "garanti le relativisme". Dans le cas de l’article II-69 ? Je comprend qu’il garanti le mariage hétérosexuel, et que les états fonts ce qu’ils veulent sur le mariage homosexuel. En quoi est-ce différent d’aujourd’hui ?
Pour en savoir plus, il faut sans doute que je m’abonne à La Croix.
Pourquoi pas ? Mais je dois bien reconnaître que l’éventuelle garantie du relativisme ne constitue pas mon principal critère.
Fort heureusement, la France n’a pas attendu l’Union Europeenne pour conquerir son independance face au Vatican. C’est meme plutot de l’histoire ancienne. Et ca s’est etendu aux autres pays, dans une moindre mesure ceux-ci etant en majorite sous regime concordataire (comme l’Alsace) et non sous le regime de laicite a la francaise. C’est d’ailleurs de ce regime concordataire que semble s’approcher le projet de constitution (art. II-70). On y est loin du fameux « La Republique ne reconnait ni ne subventionne aucun culte »...
Le nouveau pape est tellement reactionnaire qu’il rejoint le non d’extreme-droite, a ne pas confondre avec le non de la gauche « moderee »...
Bien sur il serait tellement agreable de deplaire a Monsieur Benoit XVI... N’est-il pas egalement agreable de deplaire a des Blair ou des Berlusconi ? On peut trouver des epouvantails dans chaque camp.
Remarque sans rapport direct : avez-vous aprecie autant que moi ce savoureux moment de television ou VGE explique de ne surtout pas lire la partie 3 ? Un bel appel a l’intelligence et a l’esprit critique.
Cher Daniel,
Je ne prétends pas pouvoir vous convaincre, quand bien même votre coeur semble balancer : on dit souvent que quand on cherche à faire un choix, et qu’on met les poids dans la balance, le choix est déjà fait. Le travail de délibération consiste alors à trouver les bonnes raisons qui justifient le choix a posteriori. On a l’impressoin que c’est un peu ce qui se passe avec vous...
L’argument que vous donnez est tout-à-fait défendable, mais c’est un argument pro-européen, pas pro-constitutionnel. On ne saurait vous le reprocher. Mais il est un peu dommage que la peur devant le recul de l’Europe pousse à accepter tout ce que les élites politiques nous proposent à son sujet. Finalement, les grandes valeurs de tolérance et de lutte contre l’intégrisme dont vous chantez, à raison, les louanges, seront-elles remises en cause par une victoire du non ? Rien n’est moins sûr. D’ailleurs, si on regarde dans le détail, le texte de la constitution n’apporte rien du point de vue des valeurs par rapport aux textes précédents. Même, sur beaucoup de points, c’est un recul. Mais comme la charte n’est pas applicable, et renvoie aux législations nationales, ça ne change pas grand chose. Sur ce point comme sur beaucoup d’autres, on ne peut qu’y gagner à être plus exigeant.
Peut-être pensez-vous qu’une Europe plus forte sur la scène
internationale pourrait mieux défendre ses valeurs, et qu’un non affaiblirait
cette Europe ? Répondons aux deux parties de ce raisonnement :
quand les bushistes sont
allés en guerre, presque tous nos voisins, parmi lesquels des fondateurs de la
construction européenne (l’Italie, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Espagne,
sans parler de la Pologne) l’ont suivi. Pourquoi la Constitution
changerait-elle ça, et pourquoi penser que l’Europe, si elle devait prendre
une position commune, ne choisirait pas son camp dans la guerre des
intégrismes ? Je fais un peu ma Cassandre, non pas pour m’élever contre
la construction européenne, en laquelle je crois, mais pour souligner que la
nature des relations internationales (dont la question de l’Europe, et celle
de la position de l’Europe face aux autres puissances, font partie) n’est pas
démocratique sous nos régimes, et qu’elle est résolument atlantiste. Sans quoi
l’Italie, l’Espagne, et même le Royaume-Uni n’auraient pas choisi de suivre
Bush. De ce point de vue, il y a lieu de croire au peuple européen, mais pas
forcément à ses dirigeants. Et la Constitution dans tout ça ? Elle
entérine et grave pour cinquante ans cette carence démocratique, en laissant
la plupart du pouvoir européen aux mains des dirigeants nationaux (qui ne
répondent jamais devant le peuple électeur de leur action européenne, cf.
Chirac et le vote de la directive Bolkenstein) et des bureaucrates nommés par
ces mêmes dirigeants. Par ailleurs, elle soumet explicitement la politique
militaire aux desirata de l’OTAN (pour les pays qui en font partie). De ce
côté-là, donc, aucun progrès.
pourquoi penser que la victoire du non affaiblirait
l’Europe dans ses valeurs ? Au contraire, elle permettrait une
renégociation, avec un rapport de force démocratique changé, mais dans le bon
sens. Les ouistes ont beau jeu de brandir l’épouvantail du Pape (« si on
doit renégocier, quid de la référence supprimée au christianisme »,
etc.), mais ça me paraît assez faible.
Enfin, je voudrais dire que le relativisme moral que le Pape attribue à la Constitution n’est ni un fait de celle-ci, ni même un fait de la construction européenne. C’est un héritage de luttes plus anciennes, qu’ils nous appartient de continuer. Assimiler ces luttes au projet de constitution me paraît un peu tordu. Je dirais même que les avancées sur l’intégrisme et pour la libre-pensée se font plus à coups de refus que d’assentiments mous. Mais de toutes façon, là n’est pas la question : la question du referendum n’est pas de savoir si oui ou non on veut continuer l’aventure européenne, mais de savoir comment on veut le faire. Trop se précipiter sous la pression de menaces diffuses pourrait nous faire louper un belle occasion d’ouvrir notre gueule, pour une fois.
> Au contraire, elle permettrait une renégociation, avec un rapport de force démocratique changé, mais dans le bon sens.
Je pense qu’il faut arrêter de délirer : comment imaginer une seule seconde que le traité sera renégocié après un non français ? Ce texte a déjà été ratifié dans plusieurs pays, il est même considéré comme trop "français" par nombre d’autres et vous continuez à penser que dès le 30 mai, De Villiers, Emanuelli, Fabius et Besancenot vont courir la main dans la main vers la table de renégociation ? Et avec qui vont ils renégocier ?
Non, je suis désolé mais cette hypothèse est irréaliste : le traité est probablement imparfait, trop long et trop plein de directives politiques mais c’est le meilleur que l’on puisse raisonablement espérer avoir aujourd’hui.
En ce qui me concerne, après pas mal de tergiversations, ma conviction est faite : ce sera oui.
Bonjour M. Spock
Même si une renégociation favorable à chaque nation vous semble impossible, un NON au référendum obligera les instances communautaires à prendre en compte la réticence des citoyens face aux imperfections que vous reconnaissez vous-même au TCE.
Ce NON montrera qu’il faut compter sur la réflexion des citoyens et sur leur engagement avant de proposer les nouvelles lois aux européens.
Ce NON signifie : les citoyens sont vigilants ! Ne les prenez pas pour quantité négligeable.
Ce NON signifie aussi : attention ! Le désespoir des chômeurs et des exclus est dangereux, ils ne se laisseront pas faire indéfiniment s’ils n’ont plus rien à perdre ...
Ce NON représente l’ambition que nous avons, nous les Français, de construire une Europe plus conforme aux idéaux démocratiques.
Ce Non c’est la première et dernière chance de revenir sur une construction européenne qui s’est faite sans qu’on nous demande notre avis.
Le OUi c’est l’Europe à tout prix, à n’importe quel prix.
Gloria, je comprends parfaitement vos arguments. D’autant plus que j’ai moi aussi penché fortement vers le non. J’ai cependant envie de reprendre ces arguments :
> Ce NON signifie aussi : attention ! Le désespoir des chômeurs et des exclus est dangereux, ils ne se laisseront pas faire indéfiniment s’ils n’ont plus rien à perdre ...
Cet argument signifie qu’une partie du NON est un non de désespoir, certes compréhensible mais irresponsable (l’idée du grand soir révolutionnaire où tous les exclus trouveront la solution à leurs problèmes d’un coup de baguette magique ne m’inspire pas beaucoup).
> Ce Non c’est la première et dernière chance de revenir sur une construction européenne qui s’est faite sans qu’on nous demande notre avis.
Il est exact que cet élargissement massif et soudain est probablement pour beaucoup dans le ressentiment anti TCE. Il n’empêche que le TCE paie un peu trop pour les autres dans cette histoire. De toutes façons, l’élargissement jusqu’à 27 est déjà dans les faits et les traités actuels. Quand aux futurs élargissements, je pense qu’on a largement le temps de les voir venir. Voter NON juste pour dire qu’on n’est pas d’accord avec cet élargissement me parait tout aussi irresponsable.
> Ce NON montrera qu’il faut compter sur la réflexion des citoyens et sur leur engagement avant de proposer les nouvelles lois aux européens.
Ce NON signifie : les citoyens sont vigilants ! Ne les prenez pas pour quantité négligeable.
Ce NON représente l’ambition que nous avons, nous les Français, de construire une Europe plus conforme aux idéaux démocratiques.
Là je suis en partie d’accord. Pour tout dire, ce que j’aimerais vraiment, ce serait un referendum européen : pas pays par pays mais bien à l’échelle de l’union tout entière. Mais là, je ne suis pas sur que cette idée emporterait l’adhésion de la majorité.
En conclusion, j’ai un peu l’impression que beaucoup de noniens veulent voter non simplement en se disant : "on va foutre un beau merdier et sur les ruines, on reconstruira quelque chose de neuf". Je suis désolé mais je ne crois pas à la politique de la terre brulée et je vois venir gros comme une maison qu’en cas de victoire du non, le 29 au soir, avant même la fin des émissions télévisées, les différents tenants du non seront déjà en train de se bastonner au sujet du futur projet européen.
Aujourd’hui, je repense à une citation attribuée à Benjamin Franklin : "Tous les problèmes compliqués ont une solution simple ; et elle est forcément mauvaise."
M. Spock, bonsoir
Merci pour votre réponse.
Je ne suis pas non plus pour la politique de "la terre brûlée" mais je trouve que ce TCE s’éloigne terriblement de nos préoccupations quotidiennes : c’est vers une Europe de compromis que nous allons, sans enthousiasme.
Dès l’annonce du référendum j’ai été pour le OUI. Car l’idée d’une Europe forte sur la scène internationale ma parait indispensable pour l’avenir de nos enfants. Mais j’ai commencé à m’y intéresser de plus près.
Il y a trop de décalage entre la soi-disant fierté des dirigeants européens pour ce TCE et le sentiment profond de frustration des peuples.
On nous dit : "faites nous confiance, nous savons ce qui est bon pour l’Europe " Quelle Europe ? celle des grands groupes ? des multinationales ? des grands investisseurs ?
Ça ne vous parait pas curieux que les USA le trouve acceptable ce traité ?
Votre idée de référendum de toutes les nations engagées me parait séduisante. Pourquoi ne serait-elle pas réalisable ?
> c’est vers une Europe de compromis que nous allons, sans enthousiasme. Vous avez entièrement raison. Mais je ne vois pas coment il ppourrait en être autant : l’Europe a vocation à rassembler 25 états aux cultures, mentalités, histoires différentes (beaucoup d’entre eux se sont souvent fait la guerre), comment pourrait-on le faire sans compromis ? Quand j’entends le opposants au TCE dire qu’ils attendent un enthousiasme général de speuples, j’ai l’impression d’entendre des discours type révolution d’octobre ou révolution culturelle maoiste. Je pense qu’il faut être réaliste, dans une courte échéance de temps, on ne verra pas les 25 peuples d’Europe unis vers le même objectif, je suis intimenent convaincu que c’est irréaliste. Dans cette perspective, je préfère que l’on avance par petits pas, quitte à trouver le TCE un peu lourd et mal foutu que de tout envoyer balader en espérant que viendra un jour ce grand élan collectif d’enthousiasme.
>Il y a trop de décalage entre la soi-disant fierté des dirigeants européens pour ce TCE et le sentiment profond de frustration des peuples. Peut-être mais je maintiens qu’il faut cesser de tout mélanger : nous allons voter pour un texte fondateur et exprimer sa frustration par un vote négatif ne fera pas du tout avancer le schmilblick.
>On nous dit : "faites nous confiance, nous savons ce qui est bon pour l’Europe " Quelle Europe ? celle des grands groupes ? des multinationales ? des grands investisseurs ? Je crains que le monde actuel soit déjà celui là et le refus du TCE ne va pas être un coup de poignar dans le dos des multinationales qui sont basées aux îles caïmans depuis longtemps. Ce n’est aps parceque le TCE défend une liberté de commerce dans toute l’Europe que l’on déroule nécessairement la tapis rouge aux rapaces, la France est aussi grande exportatrice de produits et services et elle a donc aussi à gagner à la libéralisation des échanges (et pas seulement à perdre).
>Ça ne vous parait pas curieux que les USA le trouve acceptable ce traité ? Franchement, si je vous dis que je suis pour le oui car Le Pen et Mégret sont pour le non, trouvez-vous l’argument très sérieux ? Ici, c’est un peu pareil, je ne suis pas un Ayatollah iranien, les USA ne sont pas le grand satan universel. Certes Bush est con comme un balai et la politique des néo cons est effrayante, pour autant, ce n’est pas parcqu’ils trouvent le TCE acceptable qu’il faut voter non.
>Votre idée de référendum de toutes les nations engagées me parait séduisante. Pourquoi ne serait-elle pas réalisable ? En premier lieu, je ne suis pas sur que cela soit réellement légalement possible (mais seul un vrai juriste pourrait me le dire, si Eolas passe par ici, je lance un appel). Mais surtout, d’un point de vue politique, je doute fort qu’une telle idée aurait vraiment la faveur de la majorité des européens, c’est probablement un peu trop fédéraliste pour aujourd’hui. Plus tard peut-être...
"dire merde à Chirac" ça me fait plaisir de l’entendre enfin clairement. pas spécialement parce que c’est *vous* (et sans vouloir vous offenser ;) mais parce que quelqu’un l’a enfin sorti ce f***** lièvre. ho, entendez-moi bien : je ne crois pas que ce soit le seul... tous ces débats à la française, cette mauvaise foi, ce sectarisme à la française, ces non-dits et cette hypocrisie généralisée m’agace au plus haut point. tout ça manque d’honnêteté et de pragmatisme.
Mais pour revenir à notre lièvre, je dirais à ceux qui consciemment ou pas (laissons-leur au moins le bénéfice du doute) pensent comme vous : vous pourrez tous dire merde à Chirac, mais en 2007. Tiens, d’ailleurs : aurez-vous le courage de lui dire merde, à Chirac, en 2007 ? Et même à Chirac en face d’un Sarkozy, d’un Hollande ou d’un Le Pen ?
Comme disait l’ami Bolkestein, "la démocratie n’est pas faite pour les gens peureux."
Si je ne partage pas les inquiétudes de La Croix, je dois reconnaître beaucoup de bon sens à leur lecture pointilleuse : « Et que par exemple l’article II-69 sur "le droit de se marier et de fonder une famille", parce qu’il ne mentionne pas explicitement "l’homme et la femme", constitue selon La Croix "la porte ouverte au mariage homosexuel". »
Oui, sur les sujets de société, elle laisse "la porte ouverte". Elle reste floue. Et ça tombe bien, puisqu’aujourd’hui "les députés espagnols ont voté en faveur d’un projet de loi autorisant le mariage entre homosexuels ainsi que l’adoption par les couples du même sexe". Ce n’est pas inconstitutionnel, européennement. Les autres pays la suivront, ou pas, l’Europe s’en balance. Ca ne remet pas en cause la concurrence.
Mais sur "la concurrence libre et non faussée", là, la porte est bien verrouillée. Alors qu’on est resté flou sur les secteurs auxquels elle s’applique...
Dans cinquante ans la constitution sera encore là, alors que Benoit... (à moins d’un miracle !). Au fait, Benoit a-til réellement lu la constitution ? Sait-il, par exemple, que dans ses annexes (mais qui parle des annexes, c.à.d. 2/3 du texte ?) on nous demande de voter sur :
"Annexe I Liste prévue à l’article III-226 de la Constitution Numéros de la Nomenclature Désignation des produits combinée Chapitre 1 Animaux vivants Chapitre 2 Viandes et abats comestibles Chapitre 3 Poissons, crustacés et mollusques Chapitre 4 Lait et produits de la laiterie ; œufs d’oiseaux ; miel naturel Chapitre 5 05.04 Boyaux, vessies et estomacs d’animaux, entiers ou en morceaux, autres que ceux de poissons 05.15 Produits d’origine animale, non dénommés ni compris ailleurs ; animaux morts des chapitres 1 ou 3, impropres à la consommation humaine Chapitre 6 Plantes vivantes et produits de la floriculture Chapitre 7 Légumes, plantes, racines et tubercules alimentaires Chapitre 8 Fruits comestibles ; écorces d’agrumes et de melons Chapitre 9 Café, thé et épices, à l’exclusion du maté (nº 09.03) ..."
J’arrête là ce charmant inventaire à la Prévert. Mais Est-ce que ce monde est sérieux ? Comme dirait un chanteur populaire.
Alors Oui, Daniel S. vous pouvez choisir de faire un pied de nez à Benoit, mais moi j’ai envie de dire à tous ces shoutés au libéralisme : "un verre ça va, trois verres bonjour les dégâts". Amitiés à toute l’équipe d’A.S.I.
Je désespérais un peu. Mais ça y est, on y vient doucement. Moi, contrairement à ces politiques du oui, je me serais battu. Ce n’est pas moi qui vous aurait fait balancer "plutôt" vers ce oui, mais j’en tire quand même une parcelle de gloire. Na !
PS : Montrons à ce Benoît que l’Europe vaut mieux que son Eglise.
...de quoi pensez-vous que je devrais avoir peur ?
Que Christine Ockrent me croque ?
Que Alexandre Adler m’étouffe dans un placard à balais ?
Que Bernard Guetta me condamne à une relecture privée de sa série historique sur l’union européenne ?
D’un autre sévice auquel je n’aurais pas pensé ?
Votre logique est à géométrie variable. Ça laisserait penser que vous cherchez simplement des justifications à votre oui honteux par rapport à vos camarades de gauche. parce que si vous voulez jouer le jeu des apparentements terribles, voter comme Hollande et comme Sarkozy et le baron Seillère, c’est pas mal non plus comme mélange. Si les extrèmes se rejoingnent (ce qui reste à démontrer) les faux adversaires se retrouvent sur l’essentiel : le sacro-saint marché !
Ne comparez pas cette unsine à gaz du TCE à la Constitution française, qui est limpide. Surtout, notre constitution, comme toutes les constitutions, ne dit pas quelle est la politique économique qu’il faut mener.
Vous dites : "La constitution n’est pas souvent mise en avant dans les affaires judiciaires, sociales ou économiques. Ce sont plutot les lois qui servent à justifier les politiques gouvernementales ou entreprenariales".
C’est là que vous avez tout faux : les lois doivent passer au filtre de la constitution et cette constitution impose de légiférer selon les dogmes de l’économie libérale.
Il suffirait d’oter de cette constitution tout ce qui n’a rien à y faire (définir une politique économique) et là, sans problème, je vous rejoins pour voter oui.
C’est intéressant de faire référence à la Constitution Française s’agissant de se prononcer sur une Constitution Européenne. J’ajouterais, puisqu’elle est européenne, qu’il serait intéressant de la comparer aux constitutions des autres pays européens. Parce qu’après tout, pourquoi ce traité constitutionnel maintenant ? Prenons l’option innocente, positive ; ce projet de constitution permet de formaliser les valeurs communes des citoyens des 25 pays membres et de traduire ces valeurs en droits fondamentaux pour ces citoyens. Dans ce cas, ces droits fondamentaux nouvellement définis à l’échelle européenne se doivent d’être au moins équivalent aux droits fondamentaux les plus ambitieux et les plus progressistes existant dans l’ensemble des constitutions des 25 pays de l’union européenne.
Or, la lecture de la partie 2 révèle par exemple que là où la Constitution française (préambule de 1946) dit "chacun à le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi", la Constitution européenne dit "toute personne à le droit de travailler" et "tout citoyen de l’Union a la liberté de chercher un emploi" (art II-75). C’est incontestablement une régression pour le citoyen français qui avait le droit d’obtenir et qui dorénavant se contentera de la liberté de chercher !!! De même, l’article II-94 parle de reconnaître et respecter "le droit d’accès aux prestations de sécurité sociale et aux services sociaux assurant une protection dans des cas tel que la maternité, la maladie, les accidents du travail, la dépendance ou la vieillesse ainsi qu’en cas de perte d’emploi" et précise dans l’art II-95 "que toute personne à le droit d’accéder à la prévention en matière de santé et de bénéficier de soins médicaux" là où le préambule de 1946 repris dans l’actuelle constitution de la République française dit : "La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement. Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence." Entre "assurer et garantir à tous" et "reconnaître et respecter le droit d’accès", s’agissant de sécurité sociale et de santé, il y a également à mes yeux une énorme régression des droits. Et pourquoi ces régressions ? On (les promoteurs du traité) nous dit que ce texte est le fruit d’une négociation et que chacun a du faire des concessions. Certes, mais alors que le ou les représentants du ou des pays qui se sont opposés à la version française (dans ce cas) viennent m’expliquer pourquoi cette version aurait été impossible pour eux et aurait lésé leurs citoyens ! Je ne vais pas entériner une régression de mes droits sans en connaître la raison !
Par ailleurs, la majeure partie des articles définissant des droits dans la partie 2 renvoient leur champ d’application aux législations et pratiques nationales, autant dire, puisque l’article II-111 indique que "les dispositions de la présente Charte [la partie 2] s’adressent aux Etats membres uniquement lorsqu’ils mettent en oeuvre le droit de l’Union (...) dans les limites des compétences de l’Union telles qu’elles lui sont conférées dans les autres parties de la Constitution [dont la fameuse partie 3]" et que "la présente charte ne créée aucune compétence ni aucune tâche nouvelle pour l’Union", que le traité constitutionnel n’affirme pas franchement de droits fondamentaux des citoyens européens et laisse aux Etats membres une grande souplesse d’interprétation.
Donc l’objet de cette constitution n’est pas vraiment de définir des valeurs communes aux citoyens européens et de traduire ces valeurs en droits fondamentaux. Quel est-il alors ?
La partie 3 porte sur les politiques et le fonctionnement de l’Union. A noter que la Constitution de la République française décline le fonctionnement des institutions de la Nation et leurs compétences, mais en aucun cas ne fixe des "politiques et actions internes" (titre 3) qui déclinent les règles du marché intérieur (chapitre 1), la politique économique et monétaire (chapitre 2) et "les politiques dans d’autres domaines" (chapitre 3). Les 155 articles qui composent ce titre 3 de la partie III ne sont rien d’autre qu’un programme électoral partisan, ce qui n’a, à mon sens, rien à faire dans une Constitution (pour ma part, je n’adhère pas à ce programme électoral, donc je voterais "non" sans état d’âme, Pape ou pas !)